dimanche 2 décembre 2007

INTERVIEW LE CHAT QUI FUME - part I

LE CHAT QUI FUME chez BLACK CAT BONES, ça devait finir par arriver un jour ou l'autre !

LE CHAT QUI FUME, c'est le genre d'éditeur DVD que l'on aimerait voir fleurir un peu plus souvent dans nos contrées.

C'est bien simple, dans leur démarche, il n'y a rien à jeter : leur catalogue est audacieux, leur politique de prix est plutôt abordable, et leurs DVD sont bourrés de bonus inédits fleurant bon la passion.

Enfin, leur capacité à ne pas se prendre au sérieux tout en restant extrèmement "sérieux dans leurs affaires" m'a réellement donné envie d'en savoir plus sur eux, leur démarche, leurs projets, les difficultés qu'ils rencontrent en tant que petit éditeur dans cet univers impitoyable.

En préambule à un petit article que je prépare sur eux pour le magazine NOISE,
j'ai réalisé cette petite interview avec les deux fondateurs et membres actifs du CHAT QUI FUME, Stéphane Bouyer et Heathcliff le Tourneur Hugon.

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Chez LE CHAT QUI FUME, vous êtes un peu à part dans le milieu français de l'édition DVD, de part vos choix éditoriaux, la modestie du projet (la plupart des éditeurs DVD en France sont quand même des moyennes/grosses entreprises) et l'état d'esprit qui semble y régner.
En effet, si vous livrez un travail éditorial quasi irréprochable, on sent tout de même derrière une grosse volonté de ne pas se prendre au sérieux. Peut-être est-ce d'abord du à vos personnalités respectives. Qui se cache réellement derrière LE CHAT QUI FUME.


Mais nous pouvons être sérieux. Nous nous sommes rencontrés sur un forum Internet du nom de DevilDead et comme nous étions les plus beaux et les plus intelligents nous avons décidé de travailler ensemble. Nous venons du monde de l’informatique et sommes passionnés de cinéma depuis notre enfance quand on s’éclatait en louant des VHS ou devant les premiers films d’horreur de Canal+.

(FORBIDDEN ZONE de Richard Elfman)

Nous avons crée LE CHAT QUI FUME qui devait s’appeler au début « Le Chat qui Fume limited united international corp » mais on trouvait ça un peu pompeux. Alors on n’a gardé que le début et tout le monde trouve ce nom amusant. C’est le principal. Parfois on ne nous prend pas au sérieux alors on attend ces personnes à la sortie du bureau et on leur brise les jambes. Personne ne se moque du CHAT QUI FUME.
En fait, nous avons trouvé ce nom un peu au hasard en regardant un match de catch où le grand Rick Flair tabassait une vingtaine de types. C’est sorti un peu comme ça au hasard et voilà le résultat.

Dans votre jeune catalogue, on trouve de tout, des films d'horreur récents, d'autres plus anciens, un docu-fiction, de la Blaxploitation, bientôt des documentaires, et semblent plutôt se baser sur des coups de coeur. Est-ce que vous pensez que dans ce milieu sans foi ni loi du commerce de galettes digitale, il reste de la place pour la passion ?

Nous travaillons effectivement au coup de cœur même si on aimerait aussi se payer chacun un duplex dans le 7 ème arrondissement. On pense qu’il reste de la passion dans ce style de business. On l’espère. Nous fonctionnons ainsi en tout cas. Ayant connu pas mal de monde sur les forums, nous demandons souvent aux fans de nous aider pour les bonus comme ceux de la blaxploitation qui sont vraiment intéressants. Nous savons que ces gens là ne diront pas de bêtises et le feront avec passion comme nous.

Quels expériences avez-vous eu individuellement avant de monter LE CHAT QUI FUME ?
J'imagine qu'on ne monte pas comme ça sur un coup de tête un label d'édition de DVD. Il doit y avoir des ficelles à connaître, des réseaux, des connexions à avoir...

Nous n’avions aucune expérience. On connaissait les dimensions des boitiers DVD et c’est tout. On a pris quelques mois pour apprendre comme fonctionnait une société mais bon le mieux est de mettre la main dans le cambouis et d’y aller pour apprendre petit à petit, ce que l’on a fait. Nous n’avions pas de réseaux sauf Internet. Mais on rencontre aussi des gens comme toi avec qui on couche de temps en temps et ça suffit normalement pour avoir une petite interview ou critique et nous faire connaître. En fait, il faut passer son temps à répondre aux emails et ne pas avoir peur de prendre son téléphone pour emmerder les gens. Comme nous sommes une petite boîte de passionnés la plupart des gens sont sympathiques avec nous et nous aident.

Quelle partie de l'activité vous semble le plus difficile à gérer ? La recherche des droits ? La partie technique ? La distribution ? La promotion ?

Tout est difficile en fait. Il faut négocier pendant des semaines pour avoir les prix les plus bas, faire des bonus car on en met le plus possible dans nos dvd et ça prend du temps. Il faut réunir les gens, monter les vidéos, les encoder. La promotion est peut être le plus simple car il faut seulement coller des timbres sur des enveloppes pour les envoyer aux journalistes… sans en oublier un seul sinon on se fait engueuler.
En fait le plus dur est de commencer un titre quand on n’a pas fini l’autre car nous ne sommes que deux. En 2008 on prévoit une dizaine de titre alors on commence maintenant à prendre des calmants.

Quels sont vos rapports avec la presse en général ? Est-ce difficile de se faire son trou ? Existe t-il un lobby des gros éditeurs DVD rendant difficile l'accès de la presse nationale aux petits éditeurs ?
Un journaliste qui chronique un DVD LE CHAT QUI FUME est-il un journaliste passionné ? Un journaliste qui fait bien son boulot ? Un journaliste qui s'est laissé convaincre par l'attaché de presse ?

C’est très difficile car nous ne pouvons nous permettre d’acheter des pages de publicité dans les magazines. Il n y a pas de lobby bloquant l’accès à la presse. C’est juste une question d’argent. Après faut que les journalistes regardent nos DVD. Il est plus facile de critiquer TRANSFORMERS car c’est un gros éditeur qui achète pas mal de pages de pub et que c’est aussi le genre de Dvd l’on regarde facilement le soir sans se prendre la tête. C’est plus difficile de voir un film comme Hard car c’est plus sombre et moins facile d’accès. Peut être aussi que les journalistes se disent que ca n’intéressera pas leurs lecteurs. C’est bien dommage car c’est souvent eux qui rendent plus difficile l’accès à la culture. Sans presse, les petits éditeurs n’existent pas. Et s’ils ne vendent pas assez, ils ne peuvent pas acheter des pages de pub pour faire vivre la presse. C’est toujours le combat entre la culture et l’argent. Faut aider les éditeurs indépendants !

Possédez-vous des copies 35mm de chacun des films que vous éditez en DVD ?

Non, ça coute trop cher et on aurait du mal à cacher ça sous nos lits.


Vous avez une politique de prix plutôt cool : 15 euros de moyenne le DVD (en tout cas en vente direct sur votre site). Seul HARD est à 19 euros. Pour quelles raisons ?
Plus globalement, qu'est-ce qui rentre en ligne de compte pour décider du prix de vente d'un DVD ?

Nous sommes d’abord des acheteurs et on sait ce que l’on ne peut pas mettre pour acheter un titre. De plus comme le marché du DVD s'est effondré, on ne peut pas baisser les prix car de toute façon ça ne pousse pas à en acheter plus. Autant vendre d’abord aux fans qui peuvent se permettre d’acheter un titre à 15€. On va sortir des titres à 10€ mais sans bonus par exemple. S’il y en a c’est 15€ et suivant le coût d’achat du film c’est 20€. FORBIDDEN ZONE sera à 20€ comme Hard. L’acheteur type pour ce genre de produit est plus adulte que pour PUNK ROCK HOLOCAUST.

Il y a 3 ans, on a senti comme un grand emballement autour de l'objet DVD. Les grands magasins et les gros "dealers de produits culturels" genre Fnac se sont mis à agrandir leurs rayons, à les déplacer à l'entrée des magasins, à baisser drastiquement les prix. Le DVD est devenu le produit culturel consommable numéro un.

Tu te trompes un peu. Les FNAC commencent à rétrécir les rayons. Ils gagnent plus en vendant des télévisions HD que sur un Dvd.

(La suite bientôt)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

A quand la suite ?

FABIEN * BLACK CAT BONES a dit…

Quand ils auront répondus !
;-)