lundi 26 novembre 2007

SWORD OF DOOM

Je réalise ce soir quelques captures d'écran de l'inénarrable chambara (films de sabre japonais) SWORD OF DOOM de Kihachi Okamoto (1966) qui serviront peut-être à HP pour l'affiche que j'aimerais qu'il réalise pour ce qui devrait être la suite de la série SOUS LE SIGNE DU B.

En visionnant les images que j'ai prises, je me rend compte que les 3/4 sont constituées du fascinant visage de TATSUYA NAKADAI. Finalement, le film comporte très peu d'action, la plupart des plans se concentrent avant tout sur le visage du personnage principal, que nous observons petit à petit sombrer dans la folie.
Dans sa réflexion sur l'image cinématographique, Deleuze comparait souvent les visages à des paysages. En voyant ce film, je comprend un peu mieux là où il voulait en venir. Le visage de NAKADAI, ici, n'a pas la fonction des visages cinématographiques classiques. Il n'est aucunement là pour être le support de la parole, mais se laisse presque uniquement appréhender sur le mode de la contemplation, comme vecteur des tourmentes intérieures.













"A sabre pervers, âme perverse"...
"The sword is the soul. Study the soul to know the sword. Evil Mind, evil sword"
Hey, tu vois bien, HP, que ce film est taillé pour toi !

dimanche 25 novembre 2007

ACAPULCO TIKI (BY DR. ALDERETE)

L'impression de la nouvelle affiche de JORGE ALDERETE baptisée "Acapulco Tiki" (featuring el famoso luchador Huracan Ramirez) vient d'être imprimée par BRAZO NEGRO ce week-end.
Ne reste plus qu'à la massicoter et sera mise en vente dans notre webstore...
Encore du beau travail signé el se
ñor BRAS NOIR ! Gloire à lui !






samedi 24 novembre 2007

L'INTERNET CIVILISE (LOL)

"Nicolas Sarkozy s'est réjoui de la signature vendredi à l'Elysée d'un accord contre le piratage entre les ayants droit de la musique et du cinéma les fournisseurs d'accès à l'internet et l'Etat, saluant "ce moment décisif pour l'avènement d'un internet civilisé". "Aujourd'hui un accord est signé, et je veux saluer ce moment décisif pour l'avènement d'un internet civilisé", a déclaré le président, assimilant les actes de piratage à "des comportements moyenâgeux où, sous prétexte que c'est du numérique, chacun pourrait librement pratiquer le vol à l'étalage".

"Cet accord, il est équilibré, il est solide", a commenté Nicolas Sarkozy. "D'un côté, il prévoit l'envoi de mails d'avertissement aux internautes qui font un mauvais usage de leur abonnement, a-t-il expliqué. De plus, les fournisseurs d'accès s'engagent, et c'est important, à mettre en oeuvre des dispositifs de filtrage. D'un autre côté, cet effort des fournisseurs d'accès s'accompagnera d'un effort tout aussi important des ayants droit. Ce sont deux améliorations majeures qui profiteront pleinement aux consommateurs".

Cet accord a été signé en milieu de journée en présence des ministres de la Culture, Christine Albanel, de l'Economie, Christine Lagarde, et de la Justice, Rachida Dati. Le texte prévoit notamment l'installation d'une autorité administrative chargée de superviser la lutte contre le téléchargement pirate, via l'envoi de messages d'avertissement aux internautes qui s'y livrent puis, en cas de récidive, une suspension, voire une résiliation de leur abonnement internet.

Par ailleurs, l'accord prévoit l'abandon des DRM (système de protection des fichiers numériques) sur les catalogues de la production musicale française, un an au maximum après la mise en place du dispositif d'avertissement et de sanctions progressives envers les internautes pirates. Parmi les autres mesures figure l'alignement du délai de mise à disposition des films en vidéo à la demande (VOD) sur celui des DVD, soit six mois après la sortie en salle contre sept et demi actuellement.

Cet accord a "trouvé une ligne de partage entre la répression et les mécanismes d'information et d'alerte", a commenté Mme Lagarde. "Ce résultat n'était pas acquis par avance (...) et chacun a fait du chemin", a-t-elle estimé. De nombreux représentants de la filière musicale, du cinéma, de la télévision, des fournisseurs d'accès internet étaient présents à l'Elysée pour cette signature, ainsi qu'un large aréopage de chanteurs et comédiens parmi lesquels Patrick Bruel, Calogero, Liane Foly, Didier Barbelivien, Jean Reno ou Christian Clavier (alors, on ressort les momies ? ndr)

Cette mission sur la lutte contre le téléchargement illicite et pour le développement de l'offre culturelle légale sur l'internet avait été confiée par le gouvernement début septembre à Denis Olivennes, PDG de la Fnac, qui a auditionné tous les acteurs du secteur pour parvenir à cet accord. Le chef de l'Etat a donné vendredi rendez-vous dans six mois aux signataires "pour faire le bilan" de son application".

mardi 20 novembre 2007

WINTER HEAVY ROTATION

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WINTER HEAVY ROTATION
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* ELECTRIC WIZARD - witchcult today (rise above)
* OM - pilgrimage (holy mountain)
* LOST BOYS - demo (autoprod)

* BORIS & MICHIO KURIHARA - rainbow (inoxia)

* LES SAVY FAV - let's stay friends (frenchkiss)

* JAY REATARD - blood vision (in the red)

* PINBACK - autumn of the seraphs (touch and go)

* SAINT VITUS - discography (divers)
* BRIGHTBLACK MORNING LIGHT - eponyme (matador)
* THE SOUNDTRACK OF OUR LIVES - origin, vol. 1 (epic)
* OMAR RODRIGUEZ-LOPEZ - se dice bisonte, no bufalo (gsl)

dimanche 18 novembre 2007

ALL THIS HAS HAPPENED BEFORE

Je n'ai peut-être jamais eu l'occasion d'en parler dans ces colonnes, mais je suis un fan absolu de la série SF BATTLESTAR GALACTICA.
En attendant le départ de la saison 4 prévue pour début 2008, SCI-FI CHANNEL nous offre un long épisode de transition revenant sur des événements survenus au cours de la saison précédente.

A déguster en guise d'apéro en attendant le retour de cette excellentissime série capable d'être une hyper ambitieuse, bouleversante et profonde réflexion sur la condition humaine, l'holocauste nazi, la destinée des nations, la survie, le rôle de la mythologie et la place de Dieu dans le monde contemporain, les notions de libre-arbitre et de démocratie en temps de guerre, les bons et les mauvais usages de la politique aux heures où l'humanité entière danse aux bords de l'abyme... le tout, en restant profondément ancré dans le genre pur et dur.






Bon sang, quand je garde cette série, je me dis que les types qui l'ont crées et les gens qui l'écrivent au fur et à mesure peuvent se coucher le soir avec la satisfaction d'avoir été capable de faire fiction du regard qu'ils portent sur le monde moderne.
Un peu de lumière ne se refuse jamais.
Amen.

mercredi 14 novembre 2007

LADY SNOWBLOOD EDITE EN FRANCE

Il était temps. Quatre ans après la sortie de KILL BILL, un éditeur francophone se décide enfin à s'intéresser au cas du géniallissime et cultissime manga LADY SNOWBLOOD (datant de 1972, dont a été tiré en 1974 le film que Tarantino a moulte fois cité comme influence principale pour son TUER BILL... ouais, c'est le titre Québécois, il me fait toujours mourir de rire).

C'est Kana qui s'y colle. Ces deux tomes de LADY SNOWBLOOD (comme l'édition japonaise) sont d'ailleurs l'occasion pour eux de lancer leur nouvelle collection : SENSEI. Sensei ça veux dire "maître" en japonais, donc je suppose qu'ils vont éditer dans cette collection des classiques du manga.

L'initiative est louable, même si elle arrive un peu tard, à la vue des tonnes de mauvais mangas dont cet éditeur nous abreuve depuis quelques années.

Espérons qu'en plus de MADE IN JAPAN (sa "collection prestige"), cet éditeur continue sur cette lancée et édite encore de nombreux autres mangas de cette qualité. En effet, il serait fort dommage qu'ils ne profitent pas de leur place privilégiée dans ce marché pour forcer nos petites têtes blondes à lire des mangas de caractère (même si bon, LADY SNOWBLOOD, il vaut mieux attendre que votre gamin ait 16 ans pour les lui faire lire - en plus d'un bon livre de Céline ou de Bernanos, j'entends, hein!).

D'ailleurs, c'est assez étrange, à aucun endroit n'apparaît le nom de KANA sur la couverture et quatrième de couverture du manga. Il est juste écris en tout petit à la fin, dans les crédits. Le nom "SENSEI" qui est mis tout de go en avant, comme si ils ne voulaient pas qu'on fasse le rapprochement entre la mauvaise qualité des mangas KANA et la haute qualité des mangas SENSEI.

En tout cas, ne boudons pas notre plaisir, ce manga est une vraie bombe et je suggère à tout les gens qui, comme moi
il y a quelques années, crachent sur le manga, de se pencher sérieusement sur le cas de KAZUO KOIKE (entre autre créateur de BABY CART & de CRYING FREEMAN) ou encore de OSAMU TEZUKA (relire l'incroyable AYAKO) afin de se laisser prouver le contraire.

En plus, l'édition française de LADY SNOWBLOOD est préfacée par JEAN-PIERRE DIONNET, que demander de plus ?

mardi 13 novembre 2007

SOIREE SUSPIRIA

Malgré l'absence de DARIO ARGENTO, la soirée SUSPIRIA a été un franc succès. Finalement, c'est le genre de film dont la projection qui se suffit à elle-même.

J'ai été personnellement estomaché par le travail de restauration du film et la qualité de la projection numérique. J'avoue que j'étais un peu sceptique vis à vis de cette technologie, sachant qu'elle va un jour ou l'autre remplacer le 35mm, mais cette projection a vraiment fait voler en éclat tout mes doutes.
Même si il est clair que pour l'instant, le numérique HD est encore qualitativement en dessous du 35mm, il ne fait aucun doute que cette technologie finira dans un jour très proche par égaler la qualité de projo de nos bonnes vieilles péloches...

En tout cas, retaper SUSPIRIA pour le balancer en HD dans les salles est vraiment une idée du tonnerre tant le support et la restauration propose au public une redécouverte (quasi) TOTALE du film (je dis "quasi" car la bande son ne semble pas avoir été tellement sauvée des eaux) : on y redécouvre les couleurs qui ont faits la réputation du film, la profondeur de champs, la majestuosité des décors, la beautée des actrices... mais surtout, le film fait peur !
Si je l'avais revu il n'y a pas un mois en DVD, j'avoue que si je m'étais vraiment délecté de la mise en scène, le film ne m'avait pas fait frissonné plus ça. Enfermé dans une salle, le son à fond, les yeux rivés sur cet immense écran, l'expérience est totalement AUTRE.




Merci à toute l'équipe du COMOEDIA (toujours un plaisir), à BRAZO NEGRO, à SPIG et à sa girlfriend, ainsi qu'à Alban.

lundi 12 novembre 2007

SUSPIRIA (PAR SPIG) IMPRIMEE

L'affiche de SUSPIRIA par SPIG a été finie d'imprimer ce week-end !
Elles seront mises en vente dès mardi, le soir de l'avant-première de SUSPIRIA au Comoedia, et sur le FUCKING VOODOO MAGIC STORE en fin de semaine !

La bad news, c'est que les gens de WILD SIDE ont annulés la venue de DARIO ARGENTO à Lyon à cause des grêves des cheminots... Awesome !
Note pour plus tard : Penser à caillasser
chaque retraité cheminot que je croiserais à l'avenir.

mercredi 7 novembre 2007

TANXXX, BRAZO NEGRO, BLACK CAT BONES DANS TSUGI

TSUGI est un nouveau magazine qui a été créé par d'anciens rédacteurs de la revue TRAX ayant pris le maquis après le rachat de leur titre par Technikart. C'est l'ami JEE-MEE (aka "El señor Lelo J. Batista) qui a recemment rejoint leur équipe et qui vient de nous pondre pour le numéro 2 un article sur le "Art poster".

TANXX
, BRAZO NEGRO et moi-même avons étés interviewés pour l'occasion.
De l'interview que nous avons faits ensemble, il ne reste au final pas grand chose dans l'article. Je dis ça sans animosité ni frustration, c'est toujours comme ça que ça se passe, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle je publie systématiquement
dans ces colonnes et dans leur intégralité les interviews que je réalise lorsque je prépare un article.

Pour changer, on vous fait aujourd'hui le coup de l'intervieweur interviewé !
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1/ Comment as-tu eu accès au "poster art" et comment en est-tu venu à travailler sur des affiches toi-même ?

Comme beaucoup de gens, j'ai découvert tardivement le "poster art" à travers un livre : THE ART OF ROCK. Ceci dit, le feu m'est vraiment venu le jour où j'ai eu accès à la collection d'affiches personnelle de HENRI-PIERRE / BRAZO NEGRO de ROMAIN, son frère. Avant ça, ces posters étaient plutôt des images plates, imprimées sur papier glacé. A partir du moment où j'ai vraiment pu admirer de vraies sérigraphies, les toucher, approcher techniquement d'un peu plus près le travail de sérigraphe, j'ai vraiment pris conscience de la valeur artistique intrinsèque de ces posters.

BRAZO NEGRO m'a initié à ce culte païen, et mon âme est désormais damnée pour l'éternité (et plus si affinité).

2/ Est-ce que tu t'es intéressé au mouvement dans son ensemble (précurseurs des 60's, etc) ? Est-ce que le fait de connaitre l'histoire de ce courant était important pour toi ?

Un "bon chrétien" peut-il pas ne pas avoir lu "La Genèse" ? Est-ce qu'on peux comprendre la musique de Omar Rodriguez-Lopez sans se fader la complète discographie de Santana ? Comment intégrer une discipline sans en connaître ses origines ? Ta question est étonnante, car je ne vois pas comment je pourrais m'intéresser autrement aux choses, la "question des origines" reste pour moi au coeur de chaque chose.

Donc, sans devenir un spécialiste du sujet, je me suis quand même très vite intéressé aux affiches de concerts de la scène Psyche californienne des années 60, et à cette esthétique si singulière, à ces affiches démentielles du Jefferson Airplane, The 13th Floor Elevator, de Hendrix, des Mothers Of Invention... J'ai un peu remonté l'époque, même si la documentation fiable reste tout de même difficile à trouver, pour en arriver au "revival" fin 80 / début 90 qui m'a par contre beaucoup moins passionné. Au fond, je préfère largement ce qui se fait aujourd'hui du côté de chez Tiny Media ou Aaron Orkey comparé au travail de Frank Kozik ou Chuck Sperry.

3/ Beaucoup de gens voient dans le "poster art" un substitut de remplacement à la pochette vinyle, une sorte de nouvelle version de l'"objet musical par excellence". Tu en penses quoi ?

Cette théorie se tient, dans la mesure où historiquement, le gigposter a revu le jour au moment où les majors décidaient de faire disparaître le vinyl pour imposer le CD. Il doit forcément y avoir un rapport de cause à effet, il est évident qu'un amateur de rock ne peux en toute logique pas se satisfaire de ces ridicules petites pochettes enfermées dans de vilains boîtiers plastiques. La pochette de LP a toujours été un objet qu'il n'était pas ridicule d'utiliser pour sa déco. Un CD boîtier plastique, tu en fais quoi ? Tu les empiles en attendant qu'ils rejoignent un jour les tonnes de K7 audio qui sont empilées dans tout les
Troc De L'Île de france et de navarre.

4/ Kozik a souvent dit qu'il ne faisait pas de l'art, mais du "recyclage de détritus pop". Tu penses quoi de cette définition ?

J'aime bien cette définition, mais elle n'a rien de pertinente. Cette idée de recyclage est en premier lieu la définition du postmodernisme. Certaines personnes pensent que cette idée de "
création pure" est un mythe. Moi j'aurais tendance à penser qu'elle existe mais que son rares sont les heureux élus. 99,99% des "créatifs" d'aujourd'hui ne font que repomper/transformer consciemment ou involontairement des choses qu'ils ont vus ailleurs. Moi le premier. C'est pas forcément très glorieux, mais imagines-tu vivre dans un monde où chaque jour, un artiste élu créerait une forme neuve, une démarche authentique, une esthétique totalement singulière et nouvelle ? Ca serait tout bonnement invivable !

Ce que j'aime par contre dans ces mots "recyclage", "détritus", c'est leur connotation négative, artisanale, DIY, cette idée de "sous-art" capable de se laisser apprécier pour ce qu'il est : disponible, compréhensible par tous.

5/ Le courant du poster art s'est développé très récemment en France (donc, très tardivement). Quel retour as-tu eu du public local (lors d'expositions, etc) ? As-tu noté une différence avec le public étranger (si tu as eu l'occasion de le cotoyer) ?

Les réactions du public dans les expositions sont globalement très positives. On a souvent à faire à des gens curieux, qui ont étés sensibilisés à cette forme d'expression à travers les quelques livres qui ont étés édités sur le sujet, qui ont eu l'occasion de côtoyer ce mouvement aux Etats-Unis, ou qui traînent sur les sites internet spécialisés.
En revanche, le public des concerts semble toujours aussi sourd aux efforts déployés par les dessinateurs, graphistes et sérigraphes français pour tenter d'arracher l'affiche de concert à son statut ingrat.

Les gens se plaignent très souvent du prix des affiches, ou alors considèrent souvent qu'une affiche "ça ne se paie pas" (se fichant bien de savoir combien coûte réellement la production d'une sérigraphie, quelle qu'elle soit). Dans les concerts, la plupart du temps, les gens trouvent ça très bien, mais ne voient aucun intérêt à en acheter un exemplaire, et préférerons dépenser leur argent dans un disque ou au bar (ou dans rien du tout, car n'oublions pas que pour de nombreux chômeurs ou Rmistes, le disque ou le poster sérigraphié reste un objet de luxe).

6/ Penses-tu qu'il y a un "style" français, ou des sensibilités communes entre les différents illustrateurs que tu as pu rencontrer ? J'ai notamment l'impression qu'on joue beaucoup moins la carte de la provocation en France et que la qualité des sérigraphies est une vraie priorité.

Tu as raison, mais je ne pense pas que la provocation soit forcément une plus-value pour un poster, surtout à l'heure où le moindre bouffeurs d'étrons du P.A.F. ou n'importe quelle célébrité nationale jetable fait stratégiquement de la "provocation" son cheval de bataille pour se faire connaître et monter les échelons du show-biz. C'est pourquoi je reste persuadé que dans ce contexte, la plus belle provocation reste encore une conversation au Catholicisme.

Pour en revenir à ta question, je pense c'est encore un peu tôt pour parler de style français, il y a tellement peu de dessinateurs français qui s'intéressent à ce médium. Par contre, je parlerais plus volontiers d'une certaine "communauté d'esprit", tant il me semble que la plupart des dessinateurs que je fréquente sont globalement tous sur la même longueur d'onde.


7/ Avec Black Cat Bones, le cas est un peu particulier puisque vous avez décliné le "poster art" sur le cinéma. C'est un cas assez unique, et vous touchez de ce fait un public différent. Quelles différences as-tu pu sentir à ce niveau ?

Ce n'est pas un cas si unique, puisque des cinémas comme le ALAMO DRAFTHOUSE de Austin, Texas, ou le ROLLING ROADSHOW festival font régulièrement appel à des artistes pour promotionner au travers d'affiches sérigraphiées les événements qu'ils organisent.
L'originalité de notre démarche vient en revanche du fait que nos affiches ne sont le support d'aucun événement. Nos affiches de films sérigraphiées sont des sortes de "variations sur le même thème", un hommage à des films auxquels on voue un culte. C'est une démarche purement fétichiste. Au fond, notre but est de renouer ce lien perdu avec l'époque où les cinéastes travaillaient avec des illustrateurs ou des peintres pour créer leurs affiches, plutôt qu'avec des cols-blancs tout droits sortis d'école de comm'.

De ce fait, on touche un public "différent" que je n'ai pas pour autant réussi totalement à identifier. Contrairement aux gens qui s'intéressent aux "gigposters", ceux qui s'intéressent à nos affiches ne critiquent jamais nos prix, comme si il était communément admis qu'on faille payer plus cher une affiche de cinéma qu'une affiche de concert. Globalement, j'ai le sentiment que les gens achètent nos affiches comme ils achèteraient des "art print", à la seule différence près que nos affiches restent tout de même très abordables au regard de ce qui se pratique dans le milieu des "arts printers".
Etrangement, j'ai aussi l'impression que les gens achètent plus souvent une affiche pour le dessinateur qui l'a faite, plus que pour le film en lui-même.

8/ Commme Kozik qui fait aujourd'hui des jouets ou Derek Hess qui s'est lancé dans la mode, est-ce que la diversification est un truc que tu as à l'esprit, dans lequel tu aimerais te lancer à plus ou moins long terme ?

Avant d'être "
producteurs d'affiches sérigraphiées", nous sommes avant tout et surtout éditeurs de livres d'illustrations. La production de sérigraphie est donc déjà en soit une diversification. Ceci dit, maintenant que j'ai mis un pied dans la sérigraphie, je me verrais mal éditer un livre sans éditer aussi à côté quelques posters des plus belles illustrations. Ces deux activités me semblent désormais inséparables.

Malgré tout, ça ne nous empêche pas de proposer actuellement sur notre webshop des masques de catch ou des affiches "vintage" de films Bis Mexicains. Des articles qui n'ont rien à voir avec l'édition de livres ou d'affiches, mais qui restent cependant très proches de nos centres d'intérêts.
A long terme, je ne me fixe aucun but, à part celui de répondre à mes envies du moment, ni plus ni moins. Black Cat Bones reste pour moi une plate-forme d'échange, je ne me ferme à aucune opportunité, ce qui doit advenir adviendra.

mardi 6 novembre 2007

ARTICLE SUR WAKAMATSU - LE COURRIER

Petit article que j'ai écris sur KOJI WAKAMATSU. Paru dans le quotidien Suisse LE COURRIER de mercredi 31 octobre dernier à l'occasion de la diffusion du film dans l'excellente salle LE SPOUTNIK de Genève.

dimanche 4 novembre 2007

FUCKING VOODOO MAGIC STORE ! OPEN !

Nous avons travaillés ce week-end avec SEB aux dernières retouches de la nouvelle version de notre webstore officiellement rebaptisé le FUCKING VOODOO MAGIC STORE !

La "ligne graphique" a été travaillée avec des dessins de NICOLAS MOOG.
A la base, je lui avais "commandé" un dessin pour la page d'entrée du webstore, mais comme je ne suis pas parvenu à en faire ce que je voulais, je me suis rabattu sur un dessin qu'il m'avait fait parvenir il y a quelques mois.

Evidemment, comme on est vraiment des cochons d'impatients chez BLACK CAT BONES, on a commencés les "travaux" sans en parler à Nicolas... J'espère qu'il sera d'accord sur l'utilisation que nous avons faits de ses dessins...

FUCKING VOODOO MAGIC, MAN !
Comme je le dis dans les news du site, avec un nom pareil, vous êtes en droit de vous demander "Mais... d'où sort ce putain de nom ?"
Eh bien, permettez moi de ne pas vous le dire maintenant et de lancer en lieu et place un petit concours :

En effet, nous offrons un exemplaire de notre prochaine publication à la première personne qui trouvera ¡sans utiliser Google! les origines de la citation en page d'accueil.
A vous de jouer !

samedi 3 novembre 2007

INTERVIEW RIAD SATTOUF - PART II

Quelle est l'origine du personnage ?

J'ai commencé à dessiner PASCAL BRUTAL dans le Journal Ferraille, deux pages qui étaient archi vulgairo-agressives. Mais j'aurais du mal à t'expliquer de quel coin de ma tête il est vraiment sorti. Pour moi Pascal c'est une sorte de personnage compensateur, une sorte de vengeur, le grand copain hyper viril que tout le monde rêve d'avoir, qui serait là pour te protéger.
Autant SUPERMAN est le produit de l'Amérique post-Crise de 29, autant PASCAL BRUTAL c'est le produit de l'époque des Skyblog, d'un certain néant culturel, d'une uniformisation complète, d'un monde où il faut être le moins différent des autres.

J'ai le sensation quand je lis tes BD qu'entre la commande initiale et le produit finalisé, il y a toujours un gouffre, comme si tu prenais un malin plaisir à ne jamais remplir totalement ton contrat. Je pense à NO SEX IN NEW YORK, par exemple, où tu pars à NY pour faire un reportage sur un sujet et tu dévies finalement vers un autre. PASCAL BRUTAL aussi ne va pas forcément dans la direction qu'on pourrait l'imaginer...
Cette sensation vient peut-être du fait que je fais croire que cette BD (NO SEX IN NEW YORK, ndr) est une commande pour le journal LIBE, alors que ce n'étais pas vraiment une commande en soit. LIBE m'avaient juste demandés de faire une BD pour l'été, donc moi j'ai pris le parti de faire croire qu'on me commandait un sujet et que je partais sur un autre. Maintenant, si c'était à refaire, je ne referais plus NO SEX IN NEW YORK de la même manière, c'est une BD que je trouve archi imparfaite.
Mais c'est vrai que j'aime bien changer de point de vue en cours de route. Dans PASCAL BRUTAL par exemple, j'aime bien changer sa façon de réagir, afin qu'à chaque fois ça soit presque un personnage un peu différent. Après, ce n'est pas un truc très réfléchi.

Si mes souvenirs sont bons, tu avais assez peu de temps pour le faire, NO SEX IN NEW YORK.
Oui, et le fait de faire une BD pour un grand journal m'a fais tout de même assez peur.

Tu t'es dis qu'en allant à New York, le sujet s'imposerait de lui-même ?
Je me suis tout simplement dis que c'était l'occasion d'aller aux Etats-Unis. Le journal ne m'a pas du tout payé le voyage, je me le suis payé tout seul. Il y avait juste la promesse que le feuilleton finirait par être édité en album chez Dargaud.

NO SEX IN NEW YORK - SOURCE IMAGE : A VOIR A LIRE

En tout cas c'était quand même l'occasion rêvée pour parler de cette classe de français expatriés qui ne fréquentent que des français, au lieu de chercher à s'imprégner de la société dans laquelle ils vivent.
Oui, et puis ces gens obsédés par l'idée d'avoir du fric, d'habiter dans un endroit "pas comme en France", un endroit où tout le monde est décomplexé à l'idée d'avoir du pognon.

Idem pour RETOUR AU COLLEGE, il y a une démarche à la limite de la malhonnêteté lorsque tu présentes à tes interlocuteurs de l'Education nationale ton projet de faire "un album sans cynisme sur le monde de l'enseignement". Le résultat est tout de même tout autre. D'autant plus que tu pousses même le vice à mettre en scène ta propre malhonnêteté.
(Rires) Mais dans ce que je leur ai dis, je n'ai pas vraiment l'impression d'avoir été malhonnête. A la base, je leur ai dis que je ne voulais pas faire un truc sur une ZEP, que je voulais faire une BD sur un très bon collège, voir comment ça se passe dans ces établissements. Et c'est que j'ai fais, ils ont acceptés sur ces présupposés, mais je ne leur ai jamais dit que je ferais une bluette. Et ils ne me l'ont pas demandés.
C'est vrai que si je leur avais dit que je voulais faire une BD sur les ados entre eux, effectivement ils ne m'auraient peut-être pas laissés faire ce que j'ai fais, mais c'est aussi mon travail que de parvenir à mes fins. Et puis les refus que j'ai eu quand je m'y suis pris seul, sans l'appui de mon éditeur, m'ont rassurés dans l'idée qu'il fallait que je sois un peu malhonnête.

Est-ce que tu as fini par savoir comment avaient réagis les gens qui avaient étés croqués ?
Je l'ai su par un biais détourné. Je suis tombé un jour par hasard sur le blog d'un de ces élèves qui racontait à quel point ils étaient hyper contents, que ce que j'avais raconté était archi vrai. Ceci dit, j'avais quand même bien pris soin de modifier leurs têtes. Il y avait aussi certains personnages que j'avais transformé en deux, d'autres personnages que j'avais mixé en un afin de ne pas en blesser certains.

Finalement, c'est plutôt les profs qui morflent dans RETOUR AU COLLEGE.
Tant pis pour eux, ils sont profs, c'est leur boulot de morfler.

Et tu n'as jamais su comment ils avaient réagis.
Non non, jamais.

Et au niveau de l'Education Nationale ?
Non plus, jamais eu de nouvelles. Mais je pense que c'est aussi dû au fait que le livre a eu un certain succès et qu'il ne présentait pas une vision affreuse de l'éducation. Le livre disait juste que des ados sont toujours des ados, qu'ils soient bourgeois ou qu'ils habitent dans une ZEP, et qu'il n'y a pas forcément de différence fondamentale entre leurs aspirations. Donc ce n'est pas spécialement scandaleux ou atroce de dire ce genre de trucs. Maintenant on va voir, car j'ai un autre projet où je vais devoir faire appel à un autre ministère pour le mener à bien, donc on va voir si cette fois on me laisse faire (rires).


Est-ce que le titre de NE SEX IN NEW YORK fait référence à Sophie Calle ?
Ah oui, NO SEX LAST NIGHT... Oui, c'était une caution artistique... New York, patrie de l'Art... Non, je plaisante. J'adore Sophie Calle, mais... c'était avant tout une référence à ce que j'avais vécu en allant New York où j'avais eu... No Sex In New York (rires)
Ceci dit, j'essaie de ne pas faire des trucs trop référencés à d'autres oeuvres. Je trouve ça assez prétentieux de tenter de s'inscrire dans la continuité d'une quelconque histoire de l'art.

Trouves-tu que ton travail a une quelconque lien avec l'autofiction exhibitionniste de Sophie Calle ?
Euhhh... Non ! C'est complètement différent, moi je me met juste en scène comme témoin, pas en tant qu'acteur expérimentant des choses sur lui-même, ce n'est pas comparable.

Quelle part de doute il y a quand tu dessines une BD comme NO SEX IN NEW YORK où tu pars sans vraiment savoir ce que tu vas dessiner ?
Dans le cas de NO SEX IN NEW YORK c'était assez terrifiant car je ne savais absolument pas ce que j'allais faire, ni comment j'allais le faire, et je doutais comme un malade tout le temps que je dessinais la BD. Finalement, j'avais toutes les raisons de douter, mais comme je n'avais pas suffisamment d'expérience, je n'avais pas les armes pour prendre le recul suffisant. C'était très angoissant, mais très formateur.
Mais c'est le cas pour toutes les BD. A chaque fois que j'en commence une, je me demande si ça va être drôle, c'est pourquoi je fais toujours lire mes planches à mes potes de l'atelier car ils sont impitoyables. Nous sommes d'ailleurs impitoyables entre nous, c'est le principe du truc.
Je ne suis jamais sûr de moi. Etonnement, un truc que je vais trouver pas terrible va fonctionner super bien auprès d'un lecteur. Finalement, ce n'est pas aussi angoissant que ça car je me dis que je continue d'avoir besoin des autres pour progresser. Je ne pense pas qu'un jour je finirais par chopper la méga grosse tête du type qui n'écoute plus ses potes pour se faire un jugement sur son travail. Je fais lire mes BD à quelques personnes en qui j'ai hyper confiance et j'ai vraiment besoin d'eux pour progresser.

Tu dis souvent que tu lis assez peu de BD. Tu m'as même dit tout à l'heure que tu lisais plus de romans que de BD. On trouve même sur ton bureau les "Notes sur le Cinématographe" de Robert Bresson. J'ai l'impression que tu utilises la BD comme un moyen d'écriture parmi tant d'autres, cependant, est-ce que tu ne te sens pas un peu en porte à faux par rapport aux fans de BD purs et durs qui voudraient que quelqu'un qui fait de la BD soit forcément à fond dedans ?
Non, car grâce aux études de dessin et de cinéma d'animation que j'ai faites, j'ai cette vision surplombante de l'histoire de la BD. J'ai lu à cette époque pleins pleins de trucs, je ne suis juste pas un maniaque de ça. J'ai lu beaucoup de BD, beaucoup de romans aussi, et je ne fais pas forcément de différence.
Pour résumer, disons que je n'aime pas le côté "communautaire" du truc. Je n'aime pas les communautés, le mec qui est dessinateur de BD qui ne fréquente plus que des dessinateurs de BD, ne va plus penser qu'en dessinateur de BD, tel truc c'est bien, tel truc c'est de la merde, et gnagnagna... Ca me rappelle les Bretons avec leur Bretagne, les Musulmans que j'ai fréquenté en Syrie dans leur village qui sont persuadés qu'il n'y a rien autour, etc. C'est un truc que je ne comprend pas, qui ne m'intéresse absolument pas, et je suppose que c'est la même chose dans le cinéma. Moi je pense que tout est intéressant, il faut prendre les choses bien là où elles sont.
Je trouve que c'est fatiguant de tout le temps se poser a question de ce qui est respectable, ce qui ne l'est pas, tout le monde a son avis sur la question et c'est toujours celui qui a la plus grande gueule qui va réussir à imposer son avis aux autres.
Finalement, je me fous de savoir si mon truc va être respecté par les puristes. Je pense que les puristes n'existent pas.

C'est une belle note de fin, ça, non ?
/FIN/