MY FAVORITE MOVIES # 07
GO GO SECOND TIME VIRGIN
koji wakamatsu (1969)
GO GO SECOND TIME VIRGIN
koji wakamatsu (1969)
Contrairement au cinéma érotique Européen et Américain où n'ont jamais culminé que de fades oeuvrettes formalistes à la libertine mollesse, le "film rose" japonais (pinku-eiga) a eu très tôt (pour ne pas dire dès sa création) conscience de son devoir de distiller, au-delà de ses impératifs libidineux, les rudiments d'un discours critique.
Outre la nature première du genre, impudique et charnelle, embarrassante en soi pour les prudes mentalités des 60's, nombreux sont les cinéastes de cette époque à s'être servis du pinku-eiga pour aborder des thèmes ouvertement politiques.
Tout cela sans jamais négliger l'élégance des formes.
Outre la nature première du genre, impudique et charnelle, embarrassante en soi pour les prudes mentalités des 60's, nombreux sont les cinéastes de cette époque à s'être servis du pinku-eiga pour aborder des thèmes ouvertement politiques.
Tout cela sans jamais négliger l'élégance des formes.
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Mais peut-on vraiment parler de pinku pour le cas Wakamatsu ? Pas vraiment, à moins que des scènes de viols et d'auto-mutilation parviennent à vous emoustiller... Erotique? non. Pellicule terroriste, oui (Wakamatsu n'a t-il jamais déclaré qu'il était devenu réalisateur parce que le cinéma lui permettait de tuer des flics de manière légale ?).
La nudité chez Wakamatsu est quasiment toujours dénuée de toute sensualité. Plus proche de Thanatos que d'Eros, la chair exhibée de GO, GO SECOND-TIME VIRGIN est une prison, une prison rosée ne proposant guère que deux issues : une sortie vers une quasi impossible quête du bien-être, ou vers la mort. Loin d'être le moyen de toutes les transcendances, le corps embarasse ici ceux qui se le traînent, retient prisonnier les jeunes esprits qui souffrent à l'intérieur. Le corps n'est plus vecteur du plaisir, mais messager des pulsions mortifères. Instincts de vie, pulsions de mort, haine de soi, rejet de l'autre, dégoût du décor, le corps comme théâtre des conflits intérieurs.
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Qu'ils soient victimes ou bourreaux, bourreaux devenants victimes ou victimes devenant bourreaux, les jeunes protagonistes de GO, GO SECOND-TIME VIRGIN sont des carcasses désincarnées, superficielles. Leurs actes ne répondent à aucune logique, sinon celle des assouvissements "immédiats". Enfants gâtés de la consommation, ils se comportent dans la vie comme au supermarché, disposent du corps des autres comme d'une marchandise bientôt périmée.
Scène de toutes les perditions, le toit abandonné sur lequel le film se déroule joue le même rôle que le désert ou les îles rocheuses des films d'Antonioni, un lieu aride confinant les personnages dans l'inconsistance de leurs âmes, ne reflétant que leur propre impuissance à se comprendre eux-mêmes, donc entre eux. Un lieu ouvert vers le ciel que les lois de la gravité empèchent de quitter. Une île cernée d'un océan de béton, agitée par l'absurde et incessant va et vient du trafic automobile.
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On imagine aussi très bien à l'autre bout de cette ville bruyante et pourtant si étrangement dénuée de ses sons agressifs (la bande-son originelle a été dépouillée puis sobrement recomposée pour rendre au silence ses affinités avec la mort), les héros des autres films de Wakamatsu, ces terroristes érotomanes, ces garçons introvertis devenus criminels sexuels, tenter de se débattre à leur façons dans cet espace saturé de publicité, d'ordres et de frustrations.
Chef opérateur hors-pair (cadres minutieusement composés, photographie noir et blanc très contrastée) et amateurs de belles lettres (poèmes fleurant bon la méthode cut-up de Burroughs, dialogues chimériques mais rafinés), Koji Wakamatsu compose son film avec une méticulosité de peintre qui contraste avec la rapidité dans laquelle se déroula le tournage (4 jours passés sur les toits du propre immeuble des bureaux de Wakamatsu productions).
La beauté formelle du film n'empêche cependant pas l'animosité de quasiment l'emporter. Le pessimisme qu'il convoque ne condamne finalement jamais l'homme, mais la société qui le presse au point de lui faire perdre la raison. Ce thème, nous le retrouverons également dans un autre film dont Wakamatsu sera, non pas le réalisateur, mais le producteur exécutif six ans plus tard, et qui reste aujourd'hui l'oeuvre transgressive du cinéma Japonais la plus vue au monde : L'EMPIRE DES SENS de Nagisa Oshima.
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GO, GO SECOND-TIME VIRGIN est disponible en DVD zone 1
(version originale sous-titrée en anglais) aux éditions Image Ent.
GO, GO SECOND-TIME VIRGIN est disponible en DVD zone 1
(version originale sous-titrée en anglais) aux éditions Image Ent.
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