samedi 28 avril 2007

LES FILS DE L'HOMME

Je n'ai pas l'habitude de crier au génie. Ceux qui le font à tout bout de champs ont le don de m'agacer au plus haut point. Mais vu que je pratique assez peu ce sport, je me permettrais de m'écarter momentanément de ce parti pris.

Depuis quelques jours,
le démentiel dernier film d'Alfonso Cuarón LES FILS DE L'HOMME est enfin disponible en DVD.
Massacré en salle à sa sortie par son distributeur français (mal distribué avec peu de copies en VO, maladroitement promotionné, projections presse tardives, peu d'échos dans les médias), ce film avait tout de même tenu l'affiche de nombreuses semaines grâce à un spectaculaire bouche à oreille.
Espérons que la sortie DVD saura rendre justice à ce film qui est de loin ce que le cinéma anglo-saxon a produit de mieux depuis ce début de siècle (même si son réalisateur est Mexicain).

Qu'est-ce qui fait des FILS DE L'HOMME un film si précieux ?
Je répondrais qu'au regard du gros de la production cinématographique mondiale, peu de films parviennent à nous parler avec justesse du monde dans lequel on vit (dans le lequel on vit REELEMENT, je veux dire, ceux qui ont dit que LES FILS DE L'HOMME est un film "
visionnaire" sont ceux qui ne savent pas regarder le présent). La mise en scène étant en soit le discours, il arrive parfois qu'un réalisateur, en plus de tenir entre ses mains un scénario cohérent, en phase avec son époque, parvienne à donner une authentique forme à un lot d'idées et de concepts jetés sur papier.

LES FILS DE L'HOMME c'est ça, un film regardant droit dans les yeux notre vieux monde en proie à tout les nihilismes, et réussissant le tour de force de le radiographier à travers une mise en scène
d'une rare élégance et d'une vigueur vraiment inhabituelle dans une grosse production de ce genre :
Migration de l'esthétique du reportage de guerre dans le champs de la fiction, plans séquences de folie mais jamais gratuitement démonstratifs, brutale intrusion de la violence dans le champs au moment où rien ne la laissait présager (putain, si on est pas là face à un équivalent fictionnel des images amateur de cet homme qui a malgré lui filmé le boeing qui s'est crashé dans la première des Twin Towers, je veux bien qu'on me coupe ma langue de faiseur de théories moisies), des tonnes de plans d'une force saisissante, un casting frôlant la perfection, etc.

Ai-je besoin d'en rajouter ?
Ce film, on en parlera sans aucun doute encore dans une 50aine d'années comme d'un grand classique (et pas que du cinéma de genre).
On prends les paris ?
En attendant, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

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