mercredi 30 janvier 2008

4 JOURS A GERARDMER

De retour de Gerardmer, les yeux éclatés et la tête pleine d'images. Pas moins de 21 films vus en 4 jours. Ca faisais depuis l'édition 2002 du NIFFF (NEUCHATEL INTERNATIONAL FANTASY FILM FESTIVAL) que je ne m'étais pas tapé une telle dose de pelloche en si peu de temps.

Le lien entre deux événements ? La présence de Stuart Gordon, en 2002 au NIFFF en temps qu'invité exeptionnel, et à Gerardmer en 2008 en temps que président du jury.
Pour l'occasion le père Gordon est venu avec son dernier film sous le bras : STUCK, un film parfaitement dans le prolongement du tournant qu'il avait déjà amorcé avec KING OF THE ANTS (sympa, sans plus, péchant par sa direction d'acteur) puis EDMOND (croisement entre TAXI DRIVER et CHUTE LIBRE avec le génial William H. Macy)

Parmis les films en compétition (ou pas, STUCK a été programmé hors-compétition), 5 films m'ont particulièrement botté.
-------------------------------------

/// DIARY OF THE DEAD ///
de georges romero (2007)
Romero continue d'exploiter son filon "les zombis c'est moi" et... s'en tire avec tous les honneurs. Loin d'être la bouse attendue (des rumeurs courraient comme quoi le film était un navet inommable), DIARY OF THE DEAD se révèle aussi plaisant qu'intellectuellement stimulant avec ses parti-pris de mise en scène (le film est offert à nos yeux comme étant un document vidéo réalisé par un groupe d'étudiants en cinéma le premier soir où ont lieu les premiers cas de retour des morts à la vie) et son message Ô combien plus pertient que sa diatribe anti-Bush de LAND OF THE DEAD (dans DIARY, Romero nous alarme sur le pouvoir des images à l'ère du tout numérique, des caméras domestiques, de Youtube, du citoyen-journaliste, du "nouveau voyeurisme", laissant sous-entendre que le danger n'est plus dans la manipulation de l'information, mais dans la surabondance de l'information).
Si dans quelques rares scènes le message est assenné de façon un peu lourdingue (la voix off nous expliquant parfois un peu trop lourdement ce qu'il faut comprendre), Romero prouve qu'il est fort capable de se renouveller formellement et qu'il est loin d'avoir perdu son regard percant sur le monde contemporain.
A 70 balais, il vient sûrement de signer son film le plus conceptuel, réflexif et pessimiste.

Marrant en tout cas de le voir sélectionné aux côtés de deux autres films basés sur le même dispositif (REC / CLOVERFIELD / le film que vous voyez = le témoignage vidéo d'un événement passé / bref, du BLAIR WITCH contaminé par des relents post 11/09).
-------------------------------------

/// STUCK ///

de stuart gordon (2007)

STUCK n'est pas à proprement parler un "film d'horreur". Pourtant, il est probablement le film le plus insoutenable de toute la programmation. Non pas parceque ce qu'il montre dépasse les limites du représentable (loin de là), ou que le film est connu pour avoir fait exploser son "budget hémoglobine". Non, STUCK est un film insoutenable car Stuart Gordon a l'intelligence (et un grand savoir-faire) pour nous faire rentrer dans la vie de ses personnages avant de les placer dans une situation absurde et inextricable.
Le pitch ? Mieux vaut ne pas vous le raconter tant vous risqueriez d'en apprendre déjà trop et vous gâcher ainsi un bon lot de surprises. Quoiqu'il en soit, si vous aimez vos films noirs, cruels et saupoudrés d'un pertinent zest d'analyse sociologique, jetez-vous sur ce petit bijoux.
-------------------------------------

/// REC ///
de jaume balaguero & paco plaza (2007)

REC était un peu le petit film le plus massivement attendu du festival. Terminé début 2007, présenté depuis dans divers festivals, précédé d'une réputation de malade, il avait tous pour exciter notre curiosité.
Résultat : comme tous les films que l'on a trop attendu et que l'on a eu un peu trop le temps de fantasmer, REC s'est révélé un poil en dessous de nos attentes. Cependant, il ne faut pas s'y tromper, ce film est une pure bombe. Une bombe d'efficacité et de frayeur, à défaut d'être une totale réussite sur le plan cinématographique (sur les 3 films basés sur le dispositif "Ce film est un document retrouvé que nous allons vous projeter", REC est probablement le moins réussi).
Difficile d'en dire plus sans dévoiler trop de choses. Un conseil, n'essayer pas de chercher des photos sur le net ou de matter des trailers avant la projo, allez voir ce film l'esprit vidé de toutes attentes et laissez-vous porter par cette implacable machine à vous faire chier dans vos bennes.

-------------------------------------

/// L'ORPHELINAT ///
de
juan antonio bayona (2007)
LE film guimauve de la sélection. Peut-être aussi le plus beau et plus admirablement bien écris. Si j'ai eu peur tout le long de la projection que le film parte vers une direction "film de fantôme contemporain vu et revu" (façon The Others ou Fragile, ambiance confrontation entre fantômes acrimoniques et êtres vivants) et j'ai été très étonné de voir à quel point le scénariste avait habilement contourné tous les lieux communs inhérents à ce genre de films.

Dès le début, j'ai été littéralement aspiré par ce film, sa mise en scène solide et déterminée (étonnant pour un 1er film), son soucis du détail, son esthétique global, l'interprétation de ses acteurs.
Un gros coup de coeur pour ma part. Ah oui, le film a été produit par Del Toro. Ceci explique sûrement celà. L'ORPHELINAT a finalement remporté le Grand Prix du festival. Ca n'a étonné personne. Dans le bon comme dans le mauvais sens.
-------------------------------------

/// TEETH ///
de
mitchell lichtenstein (2007)
TEETH, prix du jury, s'est révélé moins Z que prévu, beaucoup plus délicat que ce que son scénario nous promettait à priori (TEETH traite de la peur de la sexualité féminine à travers l'histoire d'une fille qui découvre qu'elle a un "vagina dentata", le fameux "vagin denté" dont parlent bien des mythes).
Le film tient surtout grâce à son interprête principale et au sérieux avec lequel le réalisateur traite son sujet. La mise en scène est parfois un peu fade (et parfois un peu lourdingue : les plans répétés sur la centrale nucléaire... On avait compris dès le début, merci), malgré tout le film se révèle être un vrai petit bol d'air frais.


-----------
SHITLIST
-----------
- L'infâme FRONTIERE(S) de xavier gens. Production Europacorp (Besson prod), scénario indigent (un groupe de cailleras s'enfuient de la ville avec un magot et trouvent refuge dans une auberge tenue pas des... nazis cannibales), dialogues lourdingues, interprétation agaçante. Dois-je en dire plus ?
- EPITAPH des frères jung. Enième film de fantome asiatique, tout y passe : la petite fille aux cheveux longs et salles, le couple maudit unit jusque dans la mort, le tout raconté à travers un scénario à tiroir imbitable et une mise en scène bouffie de prétention.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et bien pour être allé voir autant de flimz en 4 jours j’espère que tu à fais ton checkup annuel chez ton ophtalmo.
Ton Teeth, fais penser à un Killer Pussy dans le script mais il à l’air moins fun tout de même. Hahaha !
Le dernier Romero me fait personnellement toujours aussi peur, C’est peut-être ce Blairwitch Like (ou un cannibale holocauste like ?) doublé avec sa volonté de dire aux petits nouveaux que le film de zombies c’est lui, qui continue à me faire présager le pire. Après pour le discourt politique, je prends plutôt ça pour du sarcasme, qu’une vrais attaque ciblée. C’est tellement franco français de vouloir tout politiser (parole d’émigré HAHAHA). Mais J’espère me tromper, parce que coté films d’horreurs entre les deux mastres que sont Tarantino et Rob Zombi qui n’arrêtent pas de se tirer la couverture à eux, et les remakes javellisés qui s’enchainent. C’est plus vraiment les 80’S quoi !
Et qu’est ce qui t’a pris d’être allé voir « l'infâme FRONTIERE(S) », t’avais plus de sou pour l’hôtel ?