mardi 15 avril 2008

MFM : VALERIE AND HER WEEK OF WONDER

MY FAVORITE MOVIES # 02
VALERIE AND HER WEEK OF WONDER
jaromil jires (1970)



Habituellement, les films fantasmagoriques, iréels, féériques, ce n'est pas mon truc. Pourtant, quelque chose m'a immédiatement séduit chez VALERIE AND HER WEEK OF WONDER. Faut dire qu'il y a deux/trois petits éléments qui aident : y'a ce qu'il faut de cruauté, et y'a même pas mal de fesse (même si, bon, avouons qu'on reste un peu sur sa faim).

VALERIE AND HER WEEK OF WONDER est le genre conte qui ne fait pas dans l'allégorie, ni d'ailleurs dans la morale pour petites têtes blondes. Non,
VALERIE AND HER WEEK OF WONDER, libre adaptation d'ALICE AU PAYS DES MERVEILLES ne cherche pas à cacher ses influences ou à nous faire croire qu'il a quelque chose de plus à ajouter sur le sujet. Partant de ce principe, le film se déploie comme une sorte de variante formaliste et érotisante de son modèle. S'adressant avant tout aux adultes, VALERIE AND HER WEEK OF WONDER choisit d'assumer pleinement ce qui était auparavant codé dans le roman de Lewis Carroll (récit initiatique d'une petite fille devenant l'adolescente) et en profite pour s'affranchir des lieux où est censé se passer l'histoire. Ici, point de terrier de lapin ouvrant vers un univers parallèle, le monde de VALERIE, c'est son univers quotidien, mais où plus rien n'est à sa place, où la grand-mère est peut-être la tante, l'amant peut se révéler être le frère, le démon un père maudit. A priori, rien ne distingue vraiment l'univers tangible de l'univers fantasmagorique dans lequel évolue VALERIE (l'image, floue, Hamiltonnienne, reste constante tout au long du films), à tel point qu'il devient très vite difficile de savoir de quel côté du miroir nous sommes. Le seul indice qui puisse nous aider sont ces moments où VALERIE met à sa bouche ses boucles d'oreilles, ce qui lui permet de passer d'un espace-temps à un autre.

Très vite, ce désir de certitude s'estompe, on finit très vite par ne plus chercher où nous sommes et savoir qui est qui, le voyage finit par se suffire à lui-même. Le film est probablement à prendre de la sorte, comme une sorte de préfiguration à un LOST HIGHWAY où la destination importe peu, mais où seul compte la déambulation, les lieux et les figures qu'on y croise.
Ce détachement que le film abhorre vis à vis de la fonction classique et didactique du conte montre bien à quel point
Jaromil se reconnait dans la démarche post-moderne, dans la mesure où l'enseignement qu'est censé nous offrir l'histoire est déjà acquit, et où il ne reste plus au cinéaste que de permettre l'errance dans un univers clos de ses personnages...




























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Pour ce qui est de la bande originale du film, elle est téléchargeable ICI. Elle a été composée par Luboš Fišer, compositeur Tchèque de musique de chambre qui se fendit de cette somptueuse et hallucinante BO à la fin des années 60.
Autant vous dire que sur nos platines, elle tourne très, très régulièrement. Le CD et le 2xLP a été réédité chez FINDERS KEEPERS, le label anglais qui nous offrit également il y a quelques mois de cela l'opera-rock avant-gardiste de L'ENFANT ASSASSIN DES MOUCHES de Jean-Claude Vannier.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Belle note sur ce beau film méconnu auquel j'avais moi même consacré un article il y a quelques temps.
Un film à redécouvrir surtout au moment où, pour rester dans le thème, sort en librairie le "Lost Girls" d'Alan Moore !
Merci pour le lien vers la BO.
Et félicitations pour ton blog en général.