Enfant du XXème siècle et de la bombe atomique, héritier des camps et de la Pop culture, et si Maurice Dantec n'était finalement rien d'autre qu'un écrivain qui fait son boulot : celui de prendre en charge les grandes questions que son époque lui a legué. Celui de tenter d'articuler des réponses aux insolubles questions que nous pose le siècle passé, et de répondre aux défis de celui qui s'ouvre à nous.
Par delà le bien et le mal, rencontre avec l'auteur de Metacortex, son dernier pavé sorti chez Albin Michel.
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L'écrivain rock'n'roll. C'est presque un cliché. Pourtant, si on y regarde bien, peu d'écrivains français ont su faire de la littérature avec cet héritage électrique qu'on leur a légué. On a toujours beaucoup écris sur le rock'n'Roll, mais peu de romanciers ont su écrire avec le rock'n'roll. Votre littérature à vous est indissociable du rock'n'roll. De l'influence du rock psyche et du glam sur vos jeunes années à votre parcours en tant que musicien en passant par votre curiosité toujours vive pour ce que continue de produire cette musique à l'aube du XXIème siècle, est-il sérieux de dire que votre verbe a été forgé dans la musique électrique ?
C’est extrêmement sérieux en effet. Vous citez le rock psychédélique des années 60, le glam-rock des early 70s, il ne faut pas oublier Bowie, Iggy, Lou Reed, Roxy Music, Eno, la demi-décennie punk/new-cold-wave (76/77-82/83), la transmutation fondamentale SexPistols/PIL, Joy Division, mais aussi les formes originelles du hip-hop (electrofunk new-yorkais, gogo-music de Washington DC), l’électro-industriel allemand, belge ou britannique, le mouvement techno de Detroit (Kraftwerk mixé avec le funk de Motor-City), l’aventure Hacienda, Happy Mondays, Stone Roses, etc, des groupes majeurs comme U2, Nine Inch Nails, ou Prodigy. Je ne cherche pas à « être au courant », c’est le courant qui cherche à être en moi, bref, le rock à joué en ce qui me concerne le rôle que le « polar » a je pense joué pour Manchette : l’expression artistique fondamentale du XXe siècle, c’est à dire celui de l’arraisonnement de l’Homme par la Technique-Monde.
On pourrait rajouter néanmoins d’autres éléments clés :`
- la musique « classique » russe, il conviendrait mieux de dire « romantique » ou « post-romantique », ainsi que Mahler, et Beethoven.
- Des musiciens « contemporains » aussi différents que Debussy, Bartok, Messiaen, Ligeti.
- La musique « répétitive » : Terry Riley, La Monte Young, Steve Reich, Philip Glass.
- La musique du « Grand siècle baroque », selon moi 1650-1750 : Bach, Pergolèse, Haendel, et jusqu’à Mozart.
- La musique populaire celtique (j’y inclus certaines formes de country-music américaine).
- Vous avez fait partie du groupe État d'Urgence (plus tard rebaptisé Artefact) entre 1977 et 1980. Un autre écrivain (qui est aussi devenu cinéaste) a également traversé ces années dans le même milieu. Je pense à F.J. Ossang, qui a marqué la scène post-punk avec son groupe MKB-Fraction Provisoire. Souvent associée au Rock Alternatif naissant, leur musique était pourtant très proche de vos centres d'intérêt de l'époque (même goûts pour la musique industrielle à la Throbbing Gristle et la littérature anglo-saxonne des Ballard/Burrough).
J'ai connu MKB-Fraction Provisoire au tournant de la décennie 70/80, après le split d'Artefact en tout cas. Je me souviens les avoir vu sur scène, mais avec d'autres groupes, un festival peut-être, je ne me souviens plus des circonstances exactes. J'avais noté la proximité de certaines influences, mais musicalement je m'éloignais déjà de cette scène post-punk alternative, je n'écoutais plus que de la cold wave, et les prototypes electro-indus. J'ignorais qu'Ossang faisait partie de ce groupe.
Comme d’habitude. Les Français.
Métal Urbain, sans doute, pour commencer. Inventeurs avant tout le monde (76-77) de l’électropunk.
Kas Product, qui furent d’une certaine manière leurs successeurs au début des années 80.
Des groupes comme The Dogs. Electric Callas. Marquis de Sade. Je pense aussi à toute une micro-scène proto-electro qui tournait à Poissy sous le nom d’Usinor-Dunkerque, puis des Officiels, puis Century Boys, dont est sorti quelqu’un comme Claude Arto (Mathématiques Modernes), ou « Pat » et « Robert » qui donnèrent leurs noms à l’album des Rita Mitsouko. Que je peux sans problème ajouter à cette liste non exhaustive. Tout comme Alain Bashung, qui reste une singularité, comparable à Gainsbourg. Je n’ai pas très bien suivi ce qu’il a fait par la suite, un peu quand même, mais ce que produisit Daniel Darc avec Mirwais au cours des années 80 était franchement salvateur. Pour terminer, il existe un groupe qui est obscurci par la « renommée » - toute relative - d’Artefact. Je veux parler d’un projet que le groupe a conduit avec le chanteur Gregory Davidow, sous le nom de Spions Inc puis « The Party », avec la participation de Claude Arto, et qui se situe selon moi un cran au-dessus de ce qu’Artefact avait produit de son côté à la même époque.
Pour les mêmes raisons que soulève votre question concernant la non-survie du rock français comme entité singulière à partir du milieu des années 80. L’esthétique de dandys atomiques des fulgurances initiales a été transformée en une panoplie « destroy » anarcho-misérabiliste qui ne pouvait conduire qu’à la bennes à ordures, en effet.
Il n’y a rien à en PENSER. Je ne «suis » ni de près, ni de loin, une « presse rock » qui ne traite de la littérature que dans une rubrique à part.
Un album est en cours de mixage. Le second est déjà prêt à être enregistré.
"La beauté c'est ce qui en ce monde n'est pas de ce monde" (American Black Box). Dans vos romans, seuls les femmes, les paysages et les phénomènes naturels (les aurores boréales, pour ne citer qu'elles) sont les agents de cette grâce. Si cette beauté que vous évoquez fréquemment dans vos livres s'est incarnée au cours du XXème siècle dans un disque de votre collection, lequel serait-il ?
Non. Je suis prêt à éradiquer toute une ville pour sauver l’intégralité de ma bibliothèque. Je peux faire quelques concessions pour mes disques. Mais pour ne m’en faire conserver qu’un seul, je vous conseille l’usage d’armements non conventionnels.
Que vous inspire en tant que catholique les pétitions que certains groupes religieux font circuler contre certains festivals de rock ou de métal, considérés comme "sataniques" ?
Ils feraient mieux de s’occuper des vrais agents de la régression satanique/matérialiste, dont certains œuvrent désormais au sein même de l’Église.
Le rock s’inscrit naturellement dans l’ensemble des autres influences musicales, je peux sans problème passer de Ligeti à Renegade Soundwave, de Stravinsky à Bob Dylan, puis de Suicide à Pergolèse. Les « play-lists » sont facultatives, et provisoires, sans compter qu’elles évoluent avec le temps, il m’arrive d’écrire dans le plus total silence, voire avec CNN dans le fond, comme c’est le cas à présent.
Vous souvenez-vous précisément quelle a été votre playlist lors de l'écriture de Metacortex ?
Oui, je l’ai fournie à l’Association des Lecteurs. Une trentaine de titres, mais en prenant en compte son évolution dans le temps (ndr : en gros on y trouve entre autre Archive, Blue Öyster Cult, Brian Eno & Boards of Canada, Depeche Mode, Suicide, T-Rex, Youth Engine Records, The Who, The The, Hooverphonic, John Carpenter, Gary Numan, Front Line Assembly, Foo Fighters, Sisters Of Mercy)
Écoutez-vous systématiquement de la musique quand vous écrivez ? Si oui, comment gérez-vous votre playlist par rapport aux différents stades d'écriture du livre ? L'écriture d'un livre comme Metacortex a dû se dérouler sur plus d'un an, dans ces conditions j'imagine qu'une playlist-type doit considérablement bouger durant cette période.
Concernant la première question, je vous réponds un peu plus haut.
Un noyau de base reste en place, généralement, puis la playlist se développe avec l’écriture, et enfin une sélection s’opère d’elle-même, je termine généralement avec un noyau dur à la fin, qui peut être le même que celui du départ ou tout autre chose. Il n’y a aucune règle pré-établie.
Dans une interview réalisée six mois avant la sortie de Metacortex, vous aviez parlé de l'influence qu'avait pu avoir l'album "Tyranny and Mutation" de Blue Öyster Cult sur l'écriture du roman. Pourtant à la lecture du livre, on ne retrouve aucune référence directe à ce disque. L'influence de ce disque a donc du travailler dans l'ombre. Pourriez-vous nous expliquer de quelle manière ?
Rapport Politique/Culture, Rouge/Noir, Méthédrine/Quaalude, Science/Fiction, Cube-Monde/Métacortex. J’ai bien expliqué ? (rires)
Cette confusion est de ma faute. Je n’utilisais pas le terme « conservateur » dans le sens où vous l’avez compris, son sens original, « contre-révolutionnaire », j’ai usé du sens qu’il a pris aujourd’hui, à savoir que des groupes comme Metallica (qui est celui que je prenais en exemple, je crois) se contentent de répéter les sempiternels mêmes riffs « métal », avec les postures-clichés qui vont de pair, et les textes niveau secondaire qui les « accompagnent ».
On a tendance, encore aujourd'hui, à considérer le rock comme une musique subversive, pourtant cela fait bien longtemps qu'elle a totalement été avalée par l'économie-monde. Sous quelle forme pensez-vous que le rock va subsister durant le siècle qui vient de débuter ?
Je me fiche complètement qu’une musique soit « subversive » ou pas. Bach « subversif » !
Il n’y a que les trotskystes pour croire ce genre de balivernes. Le rock subsistera à tout, il a survécu à plusieurs explosions atomiques. Il pourrait même survivre à ce monde. Et à son « économie ».
Par extension, dans un monde où "jouer le subversif" est un moyen de prendre du galon dans la sphère médiatique, les conservateurs sont-ils les derniers à être capable de créer un authentique scandale ?
Je vous l’ai dit, le mot « conservateur » n’est plus adéquat, car qu’avons-nous à conserver de ce monde merdique, l’autre ayant disparu depuis plus de deux siècles ? Je ne me considère même pas comme un « réactionnaire », réagir ne suffit pas, même si cela prouve qu’on est encore vivant. Je crois au principe d’affirmation nietzschéen. C’est la raison pour laquelle je me définis comme un Catholique-Futuriste.
Un homme « ordinaire » n’a aucune histoire à me raconter, quelque soit son « point de vue ».
Dans votre roman Villa Vortex, on fait exploser des usines en écoutant le "Diamond Dogs" de Bowie, dans American Black Box vous dites avoir aimé écouter "Nightclubbing" de Iggy Pop en pleine guerre des Balkans. Metacortex, lui, se déploie entre deux époques qui circonscrivent plus ou moins la naissance du Rock et la fin supposée du monde telle que nous l'avons connus. Pourquoi le rock est-il chez vous toujours associé à la guerre ou à la destruction?
Ce n’est pas « chez moi ». Le rock est la bande sonore de la seconde moitié du XXe siècle, cela devrait répondre à votre question. Le véritable lieu de naissance de cette musique n’est sans doute pas Memphis, Tennessee, mais Los Alamos, Nouveau-Mexique.
Vous dites souvent que chacun de vos livres est écris contre le précédent. J'ai cependant l'impression que depuis Villa Vortex (depuis votre conversion au christianisme, en fait), chaque nouveau volume de votre œuvre est un approfondissement de vos préocuppations et une amélioration perpétuelle de la forme. Les questions théoriques me semblent à chaque fois mieux fondues dans la matière narrative, à tel point que Metacortex est de loin votre roman le plus fluide. Est-ce que c'est genre de chose à laquelle vous travaillez, ou bien est-ce que vous laissez l'expérience faire son œuvre ?
Vous avez répondu à la question. L’expérience narrative est précisément celle qui me permet de continuer d’affirmer que chaque livre naît de la destruction créative du précédent. Le Christianisme est basé sur le principe du dogme évolutif et comme le dit Nicolà Gomez d’Avilà, il naît d’une tension toujours entretenue entre hérésie et orthodoxie.
La nécessité d’entrelacer au plus profond du matériau littéraire les questions théoriques et les diverses formes de narration comme des « échos » les unes des autres est une conséquence directe de cette expérience.
Cosmos Inc et Grande Jonction nous mettaient en garde contre l'avènement d'un monde "mégamachinique" où les hommes seraient devenus les rouages isolés d'une gigantesque machine qu'ils ne parviendraient plus à se représenter dans son ensemble. Dans Metacortex, on est paradoxalement dans un monde où la condition sine qua-non pour survivre est justement de devenir machine (machine à tuer, machine à traquer, machine à décoder les secrets du monde). Metacortex nous dit donc en substance que la machine n'est pas un danger en soi, mais que c'est le manque d'Être face à la machine, notre incapacité a inventer une authentique relation metaphysique homme/machine qui pourrait nous perdre. J'ai bon, m'sieur ?
Tout bon, jeune homme. Vous êtes donc recalé pour un poste aux Inrockuptibles .
Entièrement d’accord avec votre première analyse. Pour la suite : non, non. Relisez votre question précédente. La Technique ne risque pas de « sauver » l’Homme, si quelque chose le peut. La Technique comme « pensée autonome » comme « agent intelligent » à la manière d’Averroes, est née de la séparation absolue établie entre Science et Révélation. Depuis les Racines du Mal j’envisage la question sous cette forme.
Quant à savoir si l’Homme peut se sauver seul, cela consiste d’abord à présupposer qu’il puisse SE sauver. Si c’était le cas, pourquoi ne l’a-t-il pas déjà fait ?
En fait l’homme est sauvé, mais il ne le sait pas, ou refuse de le croire, ou ne veut pas l’être.
C’est la raison pour laquelle la Chute ne s’arrête pas.
Ce saut quantique dans l'évolution de vos personnages de fiction représente t-il à votre échelle d'écrivain la découverte de certains livres décisifs ?
Livres ou événements « vécus », car c’est la même chose. En fait, bien souvent, ce sont mes personnages qui me guident vers certains ouvrages.
En parcourant ce qu'on raconte de vous dans la presse et sur la toile, je vois parfois votre nom associé aux mots "islamophobie", "réactionnaire" et autres noms d'oiseaux. Pourtant quand j'ouvre vos livres, me viennent tout de suite à l'esprit les mots "Lumière", "Espérance", "Beauté", "Poésie du territoire". Qu'est-ce qui produit selon vous un tel écart ?
S’occuper de politique c’est inévitablement entrer dans les ténèbres humaines. Je ne suis pas « islamophobe », étymologiquement cela signifierait que j’aurais peur de l’islam, ce qui est une bonne blague. Je considère l’islam comme un totalitarisme religieux régressif à la base, je constate que depuis 14 siècles, malgré leur prétendue maîtrise d’Aristote et des chiffres qu’elles ont soi-disant inventé, les différentes sociétés islamiques n’ont pas su produire une seule théorie scientifique d’importance, aucune technologie nouvelle, rien.
Il ne faut d’ailleurs jamais dire que les émirs de la Péninsule Arabique sont devenus riches grâce à leur pétrole. Ils sont devenus riches grâce à notre moteur à explosion.
Metacortex est probablement le roman dans lequel on trouve le plus grand nombre de morts. Paradoxalement, il est aussi celui qui laisse percer le plus d'espoir. J'ai un peu la même sensation à la lecture de vos textes dits "polémiques" (publiés dans les Théâtre des Opérations, dans Égards ou dans Ring), comme si la colère avait laissé place à une grande sérénité, une grande quiétude face aux catastrophes à venir. Qu'est-ce qui a changé en vous en l'espace d'une petite décennie ?
La Paix est un moment de la Guerre.
La notion de sacrifice est omniprésente dans Metacortex. Vous citez Joseph de Maistre, qui a énormément écris sur le sujet, mais on devine aussi en sous-texte une lecture très studieuse de René Girard. Cette notion de sacrifice, j'imagine qu'on la retrouve jusque dans l'acte même d'écrire. Metacortex vous a probablement pris un an / un an et demi de votre vie, que sacrifie t-on en tant qu'écrivain pour accoucher d'un tel livre ?
Plusieurs bons millions de neurones pour commencer. Un sacrifice qui ne comporte pas un don physique du corps n’est… qu’une vue de l’esprit, justement.
Oui, bien sûr, mais tout écrivain, me semble-t-il, est confronté à cette problématique. À lui d’oser l’affronter, ou pas.
Vous ne cachez jamais dans vos romans les livres qui vous ont aidés à les concevoir. Au contraire, les livres des autres interviennent toujours en tant que processus dynamique, à tel point qu'on peux entrevoir au fil des années la transformation de votre pensée rien qu'en parcourant cette "bibliothèque virtuelle". Vous jouez le jeu d'une transparence totale, là où la plupart des écrivains restent plutôt discret concernant les livres qui les influencent/transforment.
Les livres sont des formes de vie.
Si beaucoup d’écrivains restent « discrets » au sujet de leur influence réelle sur leur propre production c’est parce que cette conception leur est étrangère et que par conséquent la « transformation » - à laquelle ils font d’ailleurs souvent référence – reste de l’ordre « intellectuel ».
Or un livre est une expérience physique. Neurophysique.
Quelle leçons avez-vous tiré des faiblesses de Villa Vortex (premier tome de la trilogie Liber Mundi) avant d'attaquer la conception de ce deuxième tome ?
Que ses faiblesses étaient sans doute des forces mal exploitées. J’ai donc attendu plusieurs années avant de laisser place à ce second volume de Liber Mundi, je ne devais plus pêcher par précipitation, je devais donner le temps à Métacortex de réunir toute la masse critique avant de le laisser détoner.
Depuis Villa Vortex (depuis votre conversion au christianisme, en fait), vous me semblez produire une authentique littérature de l'invisible, la foi, les anges, le chaos, l'amour, l'entropie. L'essentiel dans la vie terrestre semble être à vos yeux tout ce qui est invisible à l'œil nu. Parmi tous vos livres écrits depuis 2003, Metacortex me semble être le premier a livrer un mode d'emploi, le premier à offrir une arme de guerre littéraire pour décoder le réel.
Vous me permettrez de prendre cela comme un compliment. Tous mes livres convergent vers ce but « viral », mais il est vrai que pour la première fois, avec ce roman, j’ai eu l’impression de toucher pleinement la cible, et pas très loin du centre.
La chanson "Massacre à l'électrode" que vous chantiez avec votre groupe Artefact à la fin des années 70 commençait sur ces mots : "Fillette qui pleure dans la souffrance".
Pourchassées dans La Sirène Rouge, assassinées dans Les Racines du Mal/Artefact/Metacortex, torturées et transformées en automate dans Villa Vortex, la fillette suppliciée est une image récurrente dans l'imaginaire Dantecquien depuis plus de 30 ans. D'où vous vient cette obsession ?
Mon côté sentimental, je présume.
Plus sérieusement, je ne sais pas, et peu importe. Elles, elles le savent, c’est amplement suffisant.
De la même manière, le symbole de la bibliothèque est un élément central, aussi bien dans votre vie que dans vos romans. Je ne ferais pas l'affront de vous demander pourquoi cette récurrence, j'aurais plutôt tendance à me demander pourquoi cet élément est si peu cet élément dans la littérature des autres.
Parce qu’ils font de la « littérature » avec leur moi.
En ce qui me concerne, ma littérature a pour objectif la destruction de ce qu’il en reste.
Que trouves t-on comme acquisitions récentes dans votre bibliothèque ?
De la Patristique essentiellement.
La Route de Mc Carthy. Les dernières productions de JG Ballard. Novalis (Le Brouillon Général).
Le dernier catalogue Sig-Sauer.
Vous associez également le rock au Christianisme. Dans American Black Box vous dites "j'ai trop aimé le rock'n'roll pour autre chose que catholique". Plus loin, vous récidivez en disant "sans la Très Sainte Électricité de quelques dandies du XXème siècle finissant, jamais sans doute je n'aurais pu adhérer à la religion catholique". L'Électricité, la Lumière, le Verbe, la Beauté, pourquoi ai-je l'impression que dans votre littérature tout a l'air de provenir de la même source ?
Parce que c’est le cas. Toute littérature est un écho du Verbe, qu’on le veuille ou non.
Vous venez récemment de changer d'éditeur et venez de rejoindre James Ellroy, Dennis Lehanne, mais aussi Giorgio Agamben et Günther Anders chez Rivages. Quel influence va avoir sur votre écriture un tel changement d'éditeur, connu pour le prestige de sa ligne éditoriale, aussi bien dans le roman noir que dans l'édition d'essais ?
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