Bientôt 70 ans au compteur, dont plus de 40 ans passés à labourer les champs de la littérature, Norman Spinrad fait parti de ces écrivains de Science Fiction qui ont traversés le XXe siècle en marquant quasi chaque décennie d'un livre incontournable (Jack Barron dans les 60's, Rêve De Fer dans les 70's, Les Miroirs de l'Esprit dans les 80's, etc.), et qui auront survécus à tout. Dans le cas de Spinrad : aux problèmes que lui aura causé l'église de scientologie (qu'il a toujours violemment critiqué dans ses romans), à la mort d'amis proches (Philip K. Dick), à l'exil quasi forcé (persona non grata après l'écriture de Rêve de Fer, il s'installe en 1988 à Paris).
Après quelques récents déboires éditoriaux et avoir survécu en écrivant des "livres alimentaires" (dont "Mexica", son livre sur la conquête du Nouveau Monde, devenu best-seller aux USA et au Mexique), Norman Spinrad est aujourd'hui de retour en France par le biais des éditions Fayard avec ce qui est probablement son meilleur roman depuis une bonne vingtaine d'année. Et d'après les dires de ses proches, Spinrad semble être dans une forme telle ces derniers temps qu'il est fort probable qu'il signe ses meilleurs romans dans les années à venir.
Selon les dires de l'auteur, ce livre a été son plus difficile à écrire en raison des nombreux gags (les "bons gags", mais surtout les mauvais) qu'il a dû inventer pour nourrir la trame narrative. Il Est Parmi Nous raconte l'histoire de Ralf, un comédien de Stand-Up venu du futur pour transformer le passé dans le but de changer l'avenir, et dont la carrière est prise en main par un agent artistique de seconde zone et un écrivain de SF momentanément en rade. Drôle, le livre l'est. La férocité qui émane de lui est en revanche plus surprenante. Car Il Est Parmi Nous, en plus de recycler de manière fictionnelle un tas d'idées que Spinrad avait rassemblé dans un essai qu'il n'arriva jamais à faire publier, lui sert aussi à livrer une satire du milieu de la S.F. et du show biz. Sans complaisance mais sans non plus cracher dans la soupe, Spinrad tire un portrait sarcastique du "Fandom" (les conventions de fans de SF) en poussant même le vice jusqu'à s'introduire lui-même dans le roman à travers les souvenirs des autres.
Selon les dires de l'auteur, ce livre a été son plus difficile à écrire en raison des nombreux gags (les "bons gags", mais surtout les mauvais) qu'il a dû inventer pour nourrir la trame narrative. Il Est Parmi Nous raconte l'histoire de Ralf, un comédien de Stand-Up venu du futur pour transformer le passé dans le but de changer l'avenir, et dont la carrière est prise en main par un agent artistique de seconde zone et un écrivain de SF momentanément en rade. Drôle, le livre l'est. La férocité qui émane de lui est en revanche plus surprenante. Car Il Est Parmi Nous, en plus de recycler de manière fictionnelle un tas d'idées que Spinrad avait rassemblé dans un essai qu'il n'arriva jamais à faire publier, lui sert aussi à livrer une satire du milieu de la S.F. et du show biz. Sans complaisance mais sans non plus cracher dans la soupe, Spinrad tire un portrait sarcastique du "Fandom" (les conventions de fans de SF) en poussant même le vice jusqu'à s'introduire lui-même dans le roman à travers les souvenirs des autres.
Roman de science fiction, mais aussi roman sur la science fiction, Norman Spinrad a nourri son récit de ses souvenirs d'écrivains et de son expérience de scénariste pour la télé et le cinéma (il est l'auteur de quelques fameux épisodes de Star Trek). Livre-somme réflexif sur le rôle de l'écrivain de SF, le rapport qu'il entretient avec son milieu et avec le futur qu'il imagine, et dont il est constamment droit de se demander quelle influence ses romans peuvent avoir sur celui. Il Est Parmi Nous pose aussi la question du rapport que l'écrivain mais aussi avec les utopies (cette idée que la SF Stratifié jusqu'au vertige, gavé de mises en abime plus vertigineuses les unes que les autres, réaliste dans ses moindres détails, Il Est Parmi Nous est un roman formellement simple mais intrinsèquement complexe dans ses nombreux sous-textes. A la fois mise à nu du fonctionnement en coulisse du grand spectacle Hollywoodien, virulente critique de l'exploitation du Fandom par l'industrie du divertissement en même temps que critique du Fandom lui-même, Il Est Parmi Nous est aussi et surtout un roman écologique évoquant les conséquences de nos choix actuels sur la civilisation du futur.
Comment tout ça peux tenir dans un seul roman ?" me direz-vous ? Ne sous-estimez pas la dextérité de l'écriture de Spinrad qui est à la littérature de SF ce que la ligne claire est à la BD. Ample, disgressif, mais toujours au service de sa machine narrative, le récit de Spinrad avance, abat une quantité assez invraisemblables d'idées et de situations stimulantes. Tel un poisson dans l'eau de son récit, le roman de Spinrad ne souffre guère que de quelques longueurs dues à un excédent d'idées (un comble !) et à un récit finalement très "intérieur", métaphysique, qui aurait gagné à être plus concis.
Bref, retour aux affaires sérieuses pour le Roi Spinrad. Profitez-en, en attendant sa prochaine bombe, le sulfureux Osama The Gun, refusé par tout les éditeurs aux États-Unis et que Fayard publiera en première mondiale au printemps prochain.
CHRONIQUE PARUE DANS LE NUMÉRO 13 DE NOISE MAGAZINE
Comment tout ça peux tenir dans un seul roman ?" me direz-vous ? Ne sous-estimez pas la dextérité de l'écriture de Spinrad qui est à la littérature de SF ce que la ligne claire est à la BD. Ample, disgressif, mais toujours au service de sa machine narrative, le récit de Spinrad avance, abat une quantité assez invraisemblables d'idées et de situations stimulantes. Tel un poisson dans l'eau de son récit, le roman de Spinrad ne souffre guère que de quelques longueurs dues à un excédent d'idées (un comble !) et à un récit finalement très "intérieur", métaphysique, qui aurait gagné à être plus concis.
Bref, retour aux affaires sérieuses pour le Roi Spinrad. Profitez-en, en attendant sa prochaine bombe, le sulfureux Osama The Gun, refusé par tout les éditeurs aux États-Unis et que Fayard publiera en première mondiale au printemps prochain.
CHRONIQUE PARUE DANS LE NUMÉRO 13 DE NOISE MAGAZINE