mercredi 13 juin 2007

TANXXX INTERVIEW * PART I

Salut Mathilde. TANXXX... Où es-tu allée chercher ce pseudo ?
Un reliquat du lycée, un vieux surnom que me donnait un pote, déformé, re-déformé. Et voilà !

A partir de quand as-tu choisie d'utiliser ce pseudo ?
Je n'ai pas vraiment choisi ce pseudo, j'ai avant tout choisi un nom pour mon site, et tout s'est mélangé. Donc quand j'ai monté mon site, il y a 4 ou 5 ans maintenant, j'ai décidé de garder ce nom là.

Quelles étaient tes principales influences quand tu as commencé à dessiner puis à diffuser tes premiers boulots ?
Je connaissais pas grand chose, ma référence n°1 c'était Hewlett période Tank Girl, quelques conneries genre Dr Slump, et j'ai commencé à lire d'autres trucs comme Burns, Clowes, Hernandez... Grâce à Rica, surtout, qui avait une culture bédé beaucoup plus étendue que la mienne (je sors d'une section art aux beaux arts, ça n'aide pas).

Est-ce que tu es un peu "L'Artiste de la famille" dans ta famille ? Ou bien es-tu issue d'une famille plutôt sensible aux "choses de l'art" ?
Heu eh bien c'est difficile de répondre rapidement, on va dire oui et non. Ahah te voilà bien avancé ! Disons que oui, ma famille proche est assez sensibles aux choses de l'art, graphiques et musicales d'ailleurs, mais comme beaucoup de graphistes / dessinateurs / auteurs de ma génération mon choix d'en vivre a créé quelques tensions, mais qui se sont vite évanouies.

En France, on aime pas trop les autodidactes. En même temps on se méfie toujours un peu des gens qui ont fait les grandes écoles. Toi qui a faite l'école de dessin d'Angoulême (redonnes moi le nom stp, en passant), comment tu te places sur cet échiquier ?
Sur les deux à la fois : j'ai fait l'Ecole Supérieure de l'Image à Angoulême mais pas en section BD, et ma production d'aujourd'hui n'a pas grand chose à voir avec le boulot que je faisais à l'école.
Disons qu'avec le recul, je peux dire que ça m'a surtout aidée à m'ouvrir...mais c'est certainement pas un passage obligatoire pour trouver "son truc".

Qu'est-ce que cette école t'a apporté sur la plan pratique et professionnel ?
J'en suis ressortie avec un diplôme dont je savais pas quoi faire, je suis d'abord partie pour continuer mon travail très "ART" en sortant de l'école mais je me suis vite rendue compte que je n'avais ni carnet d'adresse, ni atelier, ni thune pour avancer, donc j'ai vite laissé tomber pour reprendre le dessin que je pratiquais presque plus depuis ma deuxième année de beaux arts. A Angoulême on ne nous encourageait pas vraiment à montrer notre boulot, ni même à nouer des contacts, "pas assez mûrs", en gros, et il m'a fallu un certain temps avant de surmonter cette espèce de complexe par la suite, être un minimum sûre de son travail pour le montrer et avancer.

Tu as donc eu une formation "Art Contemporain" ?

J'étais en section "ART" jusqu'à la 3ème année, ensuite section "COMMUNICATION" pour la 4 et 5ème année (il n'existe pas de section "ART" en second cycle on se demande pourquoi vu le boulot qui y était fait, mais bon). "ART" comme art contemporain, oui, et du très fermé, tout ce qu'il ne devrait pas être par essence.

Quel souvenir gardes-tu de ta fréquentation de ce milieu ? Qu'est-ce qui a fait que tu n'as pas souhaité continuer dans cette voie ?

Ce milieu est puant à souhait. Il faut aussi être armé pour tenter d'y réussir quelque chose. C'est très dur, et je suis pas faite pour ça. Mais j'ai eu la chance d'y rencontrer des artistes vraiment intéressants, comme Claude Lévèque, ou Mike Kelley, qui sont finalement eux aussi issus d'une culture punk/rock... et ça se ressent. J'ai pu entendre des conneries abyssales aux Beaux Arts comme je cite de mémoire "
Le livre n'est p
as une forme actuelle" ou encore "Pettibon ce qu'il y a de bien avec son boulot c'est qu'il sait pas dessiner"... Enfin...

Quand tu vois un peu le parcours des dessinateurs que tu connais autour de toi, qui tentent de se professionnaliser et qui sont devenus professionnels, quel est selon toi les spécificités françaises de ces "métiers" de la BD/Illustration ?
Je sais pas vraiment... j'ai tâtonné beaucoup et j'ai pas vraiment pensé en termes de comment y arriver, c'est à force de bosser dans son coin qu'on finit par se foutre des coups de pied au cul pour donner une autre ampleur à son travail. Le problème, pas systématique
mais assez courant, peut être, en France, c'est de ne pas considérer
le dessin, l'illustration, comme un "vrai métier" par les dessinateurs eux mêmes (en plus de l'entourage) et de toujours se placer comme simple amateur. Ça entraîne un certain nombre de problèmes, comme la reconnaissance du travail, c'est à dire travail rémunéré, d'un côté comme de l'autre, et quand on revendique ce statut là, on passe assez vite pour un chieur ou une grande gueule, c'est un peu dommage...


Ton style est quand même très marqué par la culture US. Tu travailles aussi pas mal autour de pratiques pas très reconnues en France (je pense à ton engagement dans la production d'affiches de concerts sérigraphiés). N'est-ce pas un peu frustrant d'habiter en France quand on a ton talent, ta culture et ton instinct ?
Eh bien j'ai pensé ça un bon moment , mais après tout si y'en a pas qui s'y collent en France, on y arrivera jamais et ça ne changera pas. je suis française et si mes lectures et influences sont plutôt américaines, ça ne change pas que j'ai une culture bien française, et puis y'a quand même des aspects dans la culture américaine que j'arrive pas à comprendre.
Et le vrai beurre me manquerait trop si je devais vivre là bas.
Et puis finalement avec
Brazo Negro on a pas mal bossé déjà sur l'affiche rock, et les choses changent petit à petit, je pense en partie grâce à la traduction de livres comme l'Art Du Rock (Art of Modern Rock) qui a fait connaitre le phénomène en France, et c'est moins compliqué maintenant. Flatstock s'exporte en europe, et dans le monde, ça aide aussi pas mal le poster sérigraphié à se développer.

(La suite ICI)

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