mardi 31 mars 2009

AIX-EN-PROVENCE DOIT BRÛLER !

JORGE ALDERETE a été invité par le festival de BD de Aix-En-Provence et par l'école Intuit Lab a venir exposer son travail. Cette expo aura lieu du 18 avril au 30 avril 2009, tous les jours sauf (horaires : 10h-13h et 14h-18h). Le vernissage aura lieu le vendredi 17 avril à 18h à l'école Intuit Lab .

(Portrait de LUX INTERIOR, que Jorge a réalisé
à l'occasion du décès du chanteur des Cramps)

Le Festival d'Aix est particulièrement intéressant cette année, puisqu'il accueille également deux expos de deux des plus intéressants dessinateurs/illustrateurs français, j'ai nommé TANXXX et IVAN BRUN.

Bref, si ça vous dis de faire un saut à Aix, vous trouverez plus d'infos sur le festival par ici.

L'ami BRAZO NEGRO, vient par ailleurs, pour l'occasion (mais pas seulement), de tirer une sérigraphie inédite du père JORGE. Son site de VPC étant toujours fermé (le bougre), envoyez-nous un petit mail (info -at- blackcatbones -point- org) si vous désirez vous procurer cette sublime sérigraphie érotique, on lui fera suivre.

DIARY OF INHUMAN SPECIES

DIARY OF INHUMAN SPECIES” DE STAN
"619" est le nouveau label de l'éditeur Ankama, spécialisé dans les livres d'art graphique un peu atypiques. Après nous avoir offert Los Tigres Del Ring, un livre passionnant sur la Lucha Libre, le catch Mexicain, "619" nous propose ce Diary OF Inhuman Species, un livre signé Stan (...), rempli de dessins et de croquis de monstres extra-terrestres que l'auteur raconte avoir dessiné sur une période d'un an, suite à une rencontre du quatrième type.

Confectionné comme un "rapport officiel du département des espèces inhumaines", avec tout ce que ce petit jeu entraîne en terme de classifications diverses, ce journal vise à réveiller chez le lecteur ses passions UFOlogues les plus endormies depuis l'arrêt de la série X-Files. Agrémenté de témoignages et de faux articles de presse en diverses langues, ce Diary OF Inhuman Species se révèle être un objet méticuleusement composé, et carrément passionnant pour quiconque s'intéresse aux formes de vie extraterrestres. Intéressé ou pas par le sujet, on se prend au jeu très facilement en parcourant cet étonnant bestiaire imaginaire rappelant autant les "artbooks" de Hellboy signés Mike Mignola que les E.T. belliqueux de Men In Black. Avec sa couverture cartonnée et sa reliure en tissu, ce bel ouvrage à priori anecdotique risque de se révéler avec le temps indispensable.
STAN, DIARY OF INHUMAN SPECIES, ED. ANKAMA, COLLECTION 619, 2009
(Chronique parue dans le supplément culturel du quotidien
suisse LE COURRIER du 28/29 mars 2009)

lundi 30 mars 2009

INTERVIEW AMAT ESCALANTE - PART II

- Le choix de tourner beaucoup en plans fixes est aussi courageux que périlleux. Qu'est-ce que cette méthode apporte au film selon toi ?
Crois moi, ce n'est pas quelque chose que nous avions planifiés en commençant à travailler sur le scénario. Cette idée a surgie en partie sur le tournage, au moment de planifier le découpage des plans. Je cherche toujours à dire le maximum avec le minimum, et cela donne souvent des plans moins nombreux mais plus longs. Je crois que ce parti-pris permet au spectateur d'entretenir une relation plus profonde avec ce qu'il est en train de voir. En revanche, c'est plus difficile de débuter cette relation parce que cette technique demande toujours beaucoup de patience au spectateur. Tourner en plan fixe est un pari, et j'espère que les gens apprécient et s'émeuvent, comme quand je regarde des films qui ne tentent pas de me manipuler par l'image pour me raconter leur histoire. En regardant Los Bastardos, je pense que j'ai voulu que le spectateur soit le témoin de ce qui arrive, c'est pour cela que je ne le laisse même pas cligner des yeux. C'est pour cette raison que je n'ai pas voulu couper les plans dans Los Bastardos.

- Comment ont été castés les deux acteurs qui interpretent Jesus et Fausto ? Leurs visages sont déja toute une histoire...
L'idée a toujours été de trouver deux jeunes garçons forts et avec de l'expérience qui travaillent réellement dans le bâtiment ou dans les travaux manuels. Mon frère Martin, qui s'est occupé du casting de mes deux longs-métrages a trouvé exactement ce que nous cherchions dans la ville de Guanajuato (centre du Mexique, Ndr). Le problème a juste été de trouver un moyen de les amener légalement aux Etats-Unis, mais cela c'est avéré quasi impossible. Finalement, nous avons seulement pu faire rentrer l'un des deux, Jesús Moises Rodriguez. L'autre, Rubén Sosa, nous l'avons rencontré aux Etats-Unis même. Il a été embauché la veille du début du tournage parce que l'acteur que nous avions finalement trouvés a pris peur. Aucun des deux n'avait jamais joué dans un film, et il a été très difficile pour eux d'apprendre les lignes de dialogues. Mais pour que Los Bastardos fonctionne, pour moi il ne faisait aucun doute que les deux acteurs principaux devaient être 100% authentiques.

- La réputation d'un film diffusé a Cannes se construit souvent sur peu de choses. Concernant Los Bastardos en l'occurence, on a beaucoup parlé d'une scene bien précise (que je me garderais bien de révéler). Cette réputation peux avoir des effets très bénéfiques (effet de bouches a oreilles), mais le film prends aussi le risque d'en être réduit à ces quelques secondes, au
détriment du reste.
Je crois vraiment que le moment que tu mentionnes n'aurait pas du tout la même force ni le même impact sans toutes les scènes qui le précèdent et qui le succèdent. Personnellement, quand je ressens ça en regardant un film, je pense qu'on peux parler de cinéma pur.

- Tu as écris le scénario avec ton frère, Martin. Un certain Oscar Escalante a également travaillé sur ton premier court et ton premier long. Est-ce ton autre frère ? Pourquoi ta famille est aussi active dans ton processus créatif ?
Oscar est mon père, et il est très doué pour construire n'importe quoi. Par exemple, pour mon premier long-métrage, Sangre, il a construit pas mal de choses, comme les structures pour les lumières, une structure pour accrocher une caméra à la fenêtre d'une voiture, et des rails de travelling de 30 mètres. Ces rails ont étés ensuite utilisés pour filmer la fameuse première scène de Lumière Silencieuse / Stellet Licht (Reygadas 2007). Je crois qu'il a maintenant en tête de construire une grue pour mon prochain film.
Je travaille avec frère parce que pour moi ça me semble la chose la plus naturelle. Il a toujours été très proche de moi pendant que mes projets se développaient, et comme il est aussi passionné de ciné, la coopération s'est toujours faite de manière organique. Il a aussi co-écrit le premier long-métrage de notre amie Daniela Schneider.

- Le scénario du film est particulièrement réussi. Les personnages ne réagissent jamais vraiment de la manière qu'on attend. Los Bastardos est l'un de ces rares films dont a le plus grand mal à deviner ce qui va se passer dans les minutes a venir. Qu'aviez-vous en tête au moment de l'écriture ?
Merci. Je me rends compte que la "technique" que j'utilise est de faire faire aux personnages l'exact opposé de ce qui m'a traversé l'esprit en premier.

- Vous avez écrits le film en combien de temps ?
Nous avons retravaillés le scénario jusqu'au moment du tournage, donc on peux dire que ça nous a pris deux ans pour l'écrire. D'une manière involontaire. En fait, le scénario était prêt a être filmé au bout de six mois, et cela ne m'aurait pas déplu qu'il voit le jour sous cette forme là.

- Dans ta bio, on raconte que ta famille vient d'Espagne, que tu as travaillé aux Etats-Unis. Tout cela est tout de meme un peu flou. Quelles expériences t'ont amené a devenir un metteur en scène de renommée internationale ?
Je suis né à Barcelone d'une mère Nord-américaine et d'un père Mexicain. Plus tard, mes parents sont retournés vivre à Guanajuato, Mexico, où j'ai grandi jusqu'à mes 13 ans, âge où je suis parti vivre aux Etats-Unis avec ma mère et mon frère. Je suis revenu a Mexico à l'âge de 18 ans, de manière permanente.
Je considère que le temps que j'ai passé aux Etats-Unis, en particulier les deux années que j'ai passé à Austin, Texas, de 15 à 16 ans, a joué un rôle primordial dans mon évolution en tant qu'amateur de cinéma, puis en tant que créateur. C'est la-bas que, grâce au Austin Film Society, j'ai pu voir des tas de films qui allaient de James Benning a Michael Powell. J'ai découvert Fassbinder et Tarkovski, j'ai vu Orange Mécanique et Aguirre, La Colère de Dieu. Tous projetés sur grand écran ! J'y ai vu Jeanne Dielman de Chantal Akerman, un film qui m'a servi plus tard de référence quand j'ai réalisé mon premier film. Chaque mardi soir, c'était vraiment un paradis pour les cinéphiles, et je me sentais très chanceux, et encore aujourd'hui, d'avoir pu voir si jeune des films aussi étranges et radicaux.

- En parlant de frontières, comment s'est passé le tournage aux Etats-Unis ? Avez-vous également tournés les intérieurs de Los Bastardos a Los Angeles ?
Le tournage aux Etats-Unis a été dur. Ca n'a pas été facile d'obtenir les permis, et le fait d'être dans l'une des plus grande ville du monde après avoir tourné dans ma ville de Guanajuato a été quelque chose que je n'avais pas prévu. En même temps, pas mal de choses ont été plus faciles, en partie parce que nous avions sur place l'industrie du cinéma dans toute sa splendeur. On a ainsi mis la main sur des choses quasi impossibles a trouver au Mexique. Comme trouver des objectifs Panavision avec notre petit budget, et réaliser la post-production au laboratoire Deluxe, où se font les films plus grands et les plus chers d'Hollywood. Puisque le studio se fait beaucoup d'argent sur de très grosses productions, ils nous ont fait bénéficier de prix très bas et de traitements de faveur.
Les scènes d'intérieurs ont étés tournées au Mexique, ainsi que quelques extérieurs.

- Le cinéma indépendant Mexicain est très actif en ce moment, et les films qu'il produit sont aussi très souvent de grands films politiques. Te sens-tu actuellement porté par une dynamique ?
Je souhaite réaliser des films comme ceux qui m'ont émus. Et il y en a eu de toutes les sortes. En même temps, je suis bien conscient de ce que je peux faire et ne pas faire. Je veux apprendre à faire des choses plus compliquées ou plus simples, au fur et a mesure que j'avance en tant que cinéaste. Quant à Hollywood, nous y sommes déjà allés pour mon deuxième film, et pour le moment je ne souhaite pas y retourner.

- On dit aussi souvent que la société Mexicaine est une société
culturellement syncrétique. Accepterais-tu que nous parlions de ton travail comme d'une oeuvre syncrétique, influencé par le cinéma Européen mais traversé par une identité singulièrement Mexicaine ?
En réalité, ça me gêne de penser de cette manière, ou de me dire que c'est ce que je suis en train de faire. Il y a beaucoup d'artistes américains qui ont eu aussi une grande importance pour moi. Je crois que l'art s'est globalisé bien avant le commerce parce que les artistes ont toujours eu les sens ouverts, et ça me parait trop compliqué et recherché de dire que je suis, ou que nous faisons un cinéma de style Européen, mais au Mexique.

Merci a Amat Escalante, Fiorella (Mantarraya Productions) et Pola Hurtado de Thévenot.

dimanche 29 mars 2009

INTERVIEW AMAT ESCALANTE - PART I

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HARD AMAT
INTERVIEW D'AMAT ESCALANTE

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Ne vous fiez pas à sa modestie et à sa force tranquille, le jeune réalisateur Mexicain Amat Escalante distribue les coups de boule. Ca tombe bien, on est du genre à en redemander. Sorti de nulle part il y a quatre ans sans être passé par le circuit habituel des écoles de cinéma, Escalante s'est presque fait tout seul. A la "grande famille du cinéma", il préfère travailler avec sa propre famille. Aux grandes villes, aux mondanités, il préfère le calme de sa petite ville de Guanajuato. Rencontre avec un cas à part du nouveau cinéma indépendant Mexicain.


- Tes trois films questionnent le désir de vivre, le sens de la vie.
Oui, mes films questionnent le sens des choses, peut-être, mais pas comme le ferais un adolescent confus, plutôt à la manière des êtres vivants qui ont l'espoir de trouver un sens au fonctionnement de cette grand machine dans laquelle la plupart des gens se retrouvent a vivre leurs vies. J'essaie d'articuler sur l'écran ce qui me trotte dans la tête, ce qui n'est pas facile à expliquer et qui bien souvent me perturbe ou m'émeut.

- On y parle aussi beaucoup d'enfer. Pourquoi la récurence de cette image dans ton cinéma ?
Parce que je crois que l'enfer peux nous apparaître à chaque instant, et j'aime que mes personnages aient affaire a lui.

- On assiste aussi a une sorte de miracle dans Sangre. Pourtant, ton cinéma n'est en rien mystique...
Je crois qu'au Mexique, nous vivons dans un état permanent de mysticisme, et parfois de surréalisme. En fait, je dois constamment lutter contre moi-même pour ne pas mettre dans mes films trop d'éléments mystiques. Ce qui se passe dans Sangre est la seule manière que j'ai trouvé pour montrer que Diego (Cirilo Recio) rentre en contact avec ce qui pourrait être un moment de perfection et de grâce hors du monde, avant de revenir brutalement a la réalité. Ce qui est curieux, c'est que cette scène que tu mentionnes n'était pas a la base dans le scénario, et qu'elle nous est apparue sur le lieu même où nous tournions pour diverses raisons que j'aurais bien du mal a expliquer.


- Avec le recul, quel regard portes-tu sur Sangre, ton premier long métrage ?
Pour moi et le petit groupe de collaborateurs qui m'a aidé à réaliser ce film, ça a été une très bonne surprise de constater que Sangre avait fait le tour du monde. Je me rend également compte que je suis parvenu a réaliser un film sur des sujets dont je n'avais pas expérimenté personnellement. Comme le divorce, le fait d'avoir des enfants, de vivre en couple, d'être jaloux, la mort. Je crois que c'est pour cette raison que le film se déroule dans son propre monde, avec sa propre logique, qui n'est pas forcément la plus proche de la réalité pratique, mais qui correspond a ma manière de voir les choses.

- Qu'est-ce que tu as appris en réalisant Sangre qui t'as permis de rendre Los Bastardos meilleur ?
C'est très difficile pour moi de me rendre compte de ce que j'ai appris. Il y a forcément des choses que j'ai acquis, mais ce n'est pas très clair a mes yeux. Sur ces deux films, j'ai toujours fais appel le plus possible à mes intuitions et à mon instinct. Je me suis sans doutes plus reposé sur cela en réalisant Los Bastardos.

- Tu as été également assistant-directeur de Carlos Reygadas sur le somptueux Batalla En El Cielo durant cette meme période. Qu'est-ce que ca t'a apporté ?
Mon premier court-métrage et mes deux longs sont tout ce que j'ai fait, j'ai donc appris de pas mal de choses sur ce tournage. L'une d'entre elle est d'apprendre à gérer le chaos de la vie, et tenter de capturer cette atmosphère en images. J'ai appris à avoir confiance et à attendre que les choses prennent place, tout en les manipulant peu, un peu comme à la pêche. J'ai aussi appris que Carlos est une personne très généreuse et d'une grande sensibilité, cela m'a beaucoup inspiré de faire du cinéma à ses côtés. Pour moi, ça a été incroyable de recevoir autant de soutien de la part de quelqu'un que je connaissais depuis à peine un an, et qui s'est intéressé à mon travail pour ce qu'il est. Je croyais qu'au Mexique, personne ne s'aidait, à moins qu'il ne s'agisse de la famille ou par intérêt.


- On a beaucoup parlé dans les critiques (sûrement par fénéantise) des liens qui unissent Sangre aux premiers films de Reygadas. Pourtant, avec Los Bastardos, on voit bien que vos points de vue et vos préoccupations divergent radicalement.
C'est curieux parce qu'entre nous, il n'y a pas de comparaison possible. Mais peut-être est-on comme deux frères qui ne peuvent pas voir leurs similitudes. Je dis toujours que superficiellement, ce que nous sommes en train de faire n'est pas nouveau, au contraire je crois même que nous tentons de revenir a la pureté du cinéma qui nous a à l'origine inspiré. Je veux parler de certains films qui ont étés réalisés entre les années 20 et les années 70. Et même certains films contemporains.
Je pense aussi que nous faisons un cinéma personnel, et que nos films ne peuvent pas être similaires, parce qu'ils sont comme des empreintes digitales. Donc il faut foncer sans peur et voir ce qu'il en résulte, le temps en décidera.

- Los Bastardos est traversé par des influences qui évoquent aussi bien Michael Haneke que Bruno Dumont. Quelles relations entretiens-tu avec ce cinéma Européen aussi ambitieux que viscéral ?
Avant de pouvoir réaliser mes propres films, ces deux cinéastes ont beaucoup attirés mon attention. Je les ai beaucoup admirés, et il est certain qu'ils m'ont influencé. Le premier metteur en scène qui m'a vraiment fasciné quand j'avais quinze ans a été Werner Herzog, puis juste après Stanley Kubrick, pour le langage et l'univers cinématographique qu'ils créent pour chacun de leurs films. Je crois que mon attirance pour ce cinéma ambitieux et viscéral vient de là.

- En voyant le film, on pense beaucoup à Funny Games avec lequel Los Bastardos partage pas mal d'éléments. Néanmoins je trouve ton film plus réussi, plus efficace car il n'est jamais dans la démonstration mathématique d'une quelconque théorie. Sans chercher à être manipulateur ou à délivrer un quelconque discours sur la représentation de la violence, ton film est si ouvert à l'interprétation qu'il finit par aborder ces questions, presque malgré lui.
Merci.

(La suite demain)

vendredi 27 mars 2009

MFM # 08 : LOS BASTARDOS

MY FAVORITE MOVIES # 07
LOS BASTARDOS
amat escalante (2008)


Le cinéma n'est pas qu'une vulgaire machine à produire de l'artifice. A force de bouffer de l'ultra-violence lyophilisée par paquet de douze dans les hypermarchés Hollywoodiens, on en oublierait presque que le cinéma possède aussi potentiellement le pouvoir de nous foudroyer sur place au détour d'un simple plan, de révéler le chaos qui bouillonne sous les représentations qu'on se fait du monde. Los Bastardos est un engin au service du réel. Un film d'une rare puissance. Du genre qui vous donne l'impression de n'être jamais sorti de la salle de ciné, même des semaines après la projection. Une illusion qui vous en dit plus sur la réalité que la réalité elle-même. Une fiction violente autant capable de nous impliquer émotionnellement dans son univers tout en nous donnant matière à réfléchir.

D'Orange Mécanique a Funny Games, des films théoriques cherchant à nous démontrer l'obscenité de la violence en nous exposant a une surdose de violence ont tous eu leur mot à dire sur le sujet. Malgré leur bonne volonté, la plupart de ces films ont échoués dans leur démonstration, rencontrant paradoxalement le succès pour les raisons mêmes qu'ils prétendaient dénoncer. Si les desseins d'Amat Escalante ne sont pas exactement ceux de Kubrick ou d'Haneke, Los Bastardos n'en reste pas moins un film plus subtil que ceux de ses grands frères, délivrant un message similaire sans toutefois s'alourdir d'une quelconque démonstration. Los Bastardos ne cherche aucunement à dénoncer la manière dont la violence au cinéma déréalise la violence du monde réel, mais utilise au contraire la violence au cinéma pour mieux analyser la manière dont elle procède dans la réalité. En inversant la démarche du Haneke de Funny Games, Amat Escalante frappe plus fort et parvient à évacuer toute ambiguïté, tant la violence de Los Bastardos se révèle vite inconsommable.

Jesus et Fausto sont deux ouvriers Mexicains travaillants illégalement à Los Angeles. Chaque jour, ils attendent sur un parking de banlieue que des employeurs peu scrupuleux viennent les lever comme de vulgaires prostituées pour les plus bas travaux. Lassés de travailler dur pour un salaire de misère, ils acceptent un matin un travail d'une nature un peu spéciale. Et troquent pioches et pelles pour un fusil à pompes.
Lettres rouges sur fond noir, musique ultra-violente, dès les premières secondes on pense aux génériques des films de Gaspar Noé et de Michael Haneke. Quelques instants plus tard, alors que le rythme se calme considérablement, c'est plutôt le naturalisme de Bruno Dumont qui est convoqué. 29 Palms en tête. Malgré ces bruyantes petites casseroles que Los Bastardos semble se traîner, le film d'Amat Escalante finit étrangement très vite par trouver son identité propre, comme s'il s'agissait de se débarrasser dès les premières minutes de ces influences trop marquées.
A partir de là, s'ouvre un jeu subtil conservant ce qu'il faut de perversité, qui consiste à décortiquer les liens troubles, réversibles et protéiformes qu'entretiennent exploitants/exploités, nord/sud, conscience et nécessité, bourreau et victime. Sans surenchère, hors de tout jugement, avec une patiente méticulosité, le spectateur est invité à sonder ce que ces quelques âmes laissent entrevoir d'elles-mêmes dans ce grand cirque des rapports sociaux, aussi biaisé soient-ils. Quitte à y laisser un part de soi-même. Les plus impressionnables d'entre vous sont priés d'attendre à la sortie. Ce voyage est sans retour.

jeudi 26 mars 2009

INTERNET AT HOME : ENFIN !

Rien de tel que la vie au Mexique pour vous enseigner la patience...
Et à refouler vos pulsions meutrières.

NAVETTE A LE BRAS LONG

Q : Quand remarque t-on qu'un tatoueur a atteint un certain seuil de popularité ?
R : Quand il est devenu un personnage de bande dessinée.

mardi 24 mars 2009

HEAVY ROTATIONS - MARS 2009

/// BLEED, MY EARS ///
ALBERT AYLER new grass (1968)

MILES DAVIS bitches brew (1969)
RICHARD PINHAS l'ethique (1982)
DEVO duty now for the future (1979)
NINA SIMONE wild in the wind (1966)
DANIEL LICHT dexter soundtrack (2006)
XYX sistema de terminacion sexual (2008)
WOLVES IN THE THRONE ROOM black cascade (2009)

/// MINDFOOD ///
RIP IT UP & START AGAIN simon reynold (Allea) * 2666 roberto bolano (Christian Bourgois) * CHAQUE HOMME DANS SA NUIT julien green (Le Livre de Poche) * PHASE 7 alec longstreth (L'Employé du Moi) * COMME LE FANTOME D'UN JAZZMAN DANS LA STATION MIR EN DEROUTE maurice g. dantec

/// EYESFOOD ///
LUST, CAUTION ang lee * THE YAKUZA sydney pollack * AMER BETON michael arias * CANDYMAN bernard rose * LE VAGABOND DE TOKYO seijun suzuki * THE WATCHMEN zack "le réalisateur visionnaire de 300" snyder * PRIMER shane caruth * THE SHIELD saison 7

jeudi 19 mars 2009

KONG IS FUCKING DEAD

Si ce blog n'a pas été updaté depuis un bon mois, c'est pas qu'on fais la gueule, c'est juste que nous sommes en lutte avec ces fils de pute de TelMex qui nous posent lapin sur lapin pour venir nous installer téléphone et internet a la maison, perdent notre si précieux dossier, nos coordonnées, nous racontent d'imbitables bobards pour justifier leur incompétence.
Putain, si on m'avait qu'un jour je regreterai France Télécom...

Bon, et puisqu'on est dans les bonnes nouvelles, j'en profite pour vous apprendre que KONG, la gallerie/magasin de Mexico tenu par Jorge Alderete, Clarisa Moura et les deux zozos de Hula-Hula va fermer ses portes le mois prochain, trois ans apres avoir ouvert ses portes.
Repose en paix, gros.