mercredi 3 décembre 2008

ESTHETIQUE & FILATURE

ESTHETIQUE ET FILATURE
de Tanxxx et Lisa Mandel (KSTR)
A ma droite, Tanxxx, que je ne vous ferais pas l'affront de vous présenter dans ces colonnes. A ma gauche, Lisa Mandel, surtout connue pour ses BD pour enfants (Nini Patalo) et son fameux blog. A elles deux, elles viennent de pondre une drôle de bande dessinnée étrangement nommée Esthétique et Filature. Si la couverture ne fait pas bien envie, le contenu se révèle des plus étonnant. Le dessin d'abord, signé Tanxxx, nous fait constater à quel point la bordelaise maitrise désormais définitivement son crayon, surtout quand elle s'attarde sur les pleines pages. Bien des pages font preuve d'une grande virtuosité, bien qu'elles tranchent parfois un peu violemment avec les plus petites cases, parfois un peu plus bâclées.
Si le style de Tanxxx évoque rarement le travail de Charles Burns dans ses illustrations, il est étonnant de voir à quel point cette influence ressort quand elle travaille sur de la bande dessinée en noir et blanc (notamment dans les pleines pages). Si les frères Hernandez semblent aussi être passés par là, on prends très vite ses distances avec ces influences parfois assez évidentes (mais jamais désagréables, loin de la) par le biais d'un humour assez décomplexé qu'on retrouve aussi bien dans le travail de Lisa Mandel en solo que dans celui de Tanxxx.

Le scénario signé Lisa Mandel, un peu trop décousu pour remporter l'adhésion n'est assurément pas le point fort de cette Bédé néanmoins sympathique. Bien qu'on devine que l'album a été écrit à l'aide d'une petite dose d'autobiographie, et que le jeu des ressemblances (le personnage de Marie ressemble à Tanxxx, celui d'Adrienne à Lisa Mandel) joue en faveur de l'histoire, Esthétique et Filature vaut surtout pour l'incongruité de la plupart des situations et pour la beauté plastique de l'ensemble. Ce "one shot", un brin anecdotique nous donne donc surtout envie de prendre rendez-vous avec le prochain album de Tanxxx, quel qu'en soit le scénariste. (FT)
(Chronique parue dans le supplément culturel du quotidien
suisse LE COURRIER du 22/23 novembre 2008)

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