vendredi 11 avril 2008

COSTES A GRAND GUIGNOL

JEAN-LOUIS COSTES est venu ce soir à la librairie GRAND GUIGNOL afin de présenter et dédicacer son nouveau livre UN BUNKER EN BANLIEUE et pour nous honorer d'un petit concert garanti par les organisateurs "sans théâtre & sans nudité".

Très bonne surprise d'apprendre que COSTES vient d'éditer un tout nouveau roman, tant son premier essai, GRAND PÈRE (paru chez Fayard en 2006) m'avait laissé une très forte impression. J'avoue à l'époque n'avoir pas attendu grand chose de ce roman. J'avais donc été d'autant plus impressionné par la maitrise narrative du bonhomme sur son objet et par la poésie qui finissait par se dégager du livre, derrière son torrent d'immondice verbale et de violence. GRAND PÈRE se donnait alors à lire comme une sorte de VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT version trash, une livre d'une rare crudité, rempli du fulgurances et de trouvailles stylistiques en tous genres, une authentique perle de littérature transgressive, inclassable et indomptable.

Son nouveau roman, UN BUNKER EN BANLIEUE revient donc de loin. Refusé par Fayard (avec qui Jean-Louis est sous contrat), le livre a été proposé à de nombreux autres éditeurs (Le Seuil, Grasset, Laffont, Leo Scheer, Diable Vauvert, Sens et Tonka, Actes Sud, etc.), a failli être signé chez Denoël avant que COSTES finisse par accepter l'offre d'ERETIC ART.
Victime de la démarche ouvertement "politiquement correcte" des gros éditeurs qui avaient visiblement peur que les propos tenus par le personnage principal du livre fassent scandale (c'est l'histoire d'un prolo qui déclare la guerre aux racailles de sa cité),
UN BUNKER EN BANLIEUE voit enfin le jour avec quelques mois de retard. J'ai commencé à en lire quelques chapitres en attendant l'heure du concert, le style m'a l'air d'être plus réaliste, moins lyrique que dans GRAND PÈRE. L'ensemble semble aller dans une direction ouvertement plus hardcore. Il me tarde d'en découvrir la suite (entrecoupé de ma lecture de DUNE, le passage de l'un à l'autre risque d'être difficile).

Le concert de COSTES a débuté vers 20h30. Je n'avais jamais vu COSTES "jouer"... Simplement jouer. Si je connais très bien certains de ses disques et que j'ai vu la plupart de ses opéras "porno-sociaux", je n'avais jamais assisté à un "simple" concert de COSTES. L'expérience a évidemment été émouvante pour ceux qui ont compris que COSTES n'est jamais plus nu que lorsqu'il chante habillé, et que la nudité qu'il abhorre dans ses performances n'est qu'une façon de se cacher.
Une heure de chansons d'amour violentes, désuètes, parfois graveleuses, mais toujours touchantes, menée avec une grande intensité, magnifiée par une présence de tous les instants.
Il est étonnant de voir à quel point cet homme, avec juste quelques textes et un clavier "aux sons pourris" (c'est lui qui le dit) parvient à nous captiver, nous faire rire, nous attendrir, nous agacer. Bref, une pure singularité en action.


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