- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
"Michel Jean m'a alors dit :Dans la séquence du film d'ouverture du film de William Wellman "La ville abandonnée", sept cavaliers arrivent dans une petite ville de l'ouest. Ils entrent dans un saloon, couverts de poussière, épuisés, et accoudés au comptoir ils regardent un tableau en face d'eux sur un mur. C'est une peinture naïve, une jeune femme nue sur un cheval noir qui se cabre. C'est comme un envol du rêve, une ouverture vers une poésie de l'ailleurs. Un des hommes parle, c'est Gregory Peck. Il dit "J'aimerais bien savoir ou galope ce cheval".
Michel Jean a alors ajouté "C'est pour savoir où galope ce cheval que je pars. Et quand je l'aurais trouvé, tu viendras me rejoindre petite fille".
Depuis, je ne l'ai plus jamais revue. Peut-être qu'il a trouvé"
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Anachronique. Le dernier film de Jean Rollin est une expérience sauvagement anachronique. Un "entre monde" totalement coupé du temps. Ou alors figé dans une toute autre époque (que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitreuuuh). Bon, vous allez me dire, ce n'est pas nouveau, à la fin des années 60 Jean Rollin était déjà un personnage totalement anachronique, originellement en rupture avec son époque. Son univers, sa poésie désuète, son inspiration, lui, il la tient plutôt de la littérature fantastique du XIXe siècle. Et ce n'est pas parce que (selon Philippe Muray) "le XIXe siècle est le prototype de ce qui advient au XXe siècle", que le XXe siècle a été tendre avec les artistes qui voyaient en cette période le dernier "âge d'or", pressé qu'il était à mettre les 18 siècles d'histoire qui l'ont précédé à la poubelle.
En voyant ce film, rempli de livres, de peintures, de sculptures, d'objets, peuplé de références et d'auto-références, je me demandais ce que pourrait bien en penser un adolescent du XXIe siècle. Sûrement rien. Nulle doute que ce film évoque un monde aujourd'hui quasiment mort et enterré.
En voyant ce film, rempli de livres, de peintures, de sculptures, d'objets, peuplé de références et d'auto-références, je me demandais ce que pourrait bien en penser un adolescent du XXIe siècle. Sûrement rien. Nulle doute que ce film évoque un monde aujourd'hui quasiment mort et enterré.
Jean Rollin sent poindre la dernière étape de sa vie. Sachant pertinemment qu'à sa mort, peu de gens se battront pour défendre sa mémoire et son œuvre, il a décidé de nous livrer son "film-testament" afin de nous expliquer de quelle manière il aimerait qu'on se souvienne de lui.
LA NUIT DES HORLOGES est le film d'un homme qui vît déjà au milieu des fantômes. Une traversée de l'univers mental et diégétique de son auteur. Au début du film, le personnage interprété par Ovidie rencontre un spectre qui l'invite à partir sur les traces de Michel Jean, son oncle cinéaste et écrivain récemment décédé. Sur son chemin, elle va visiter une série de lieux et faire un tas de rencontres avec des fantômes, des êtres de fiction errants depuis la mort de leur créateur, et même de vrais êtres vivants. Ce qui permet à Jean Rollin de convoquer une dernière fois tous les membres de son panthéon personnel, ses acteurs fétiches (seul manque Brigitte Lahaie, ce qui reste quand même très problématique) et ses plus belles créations fictionnelles.
LA NUIT DES HORLOGES est le film d'un homme qui vît déjà au milieu des fantômes. Une traversée de l'univers mental et diégétique de son auteur. Au début du film, le personnage interprété par Ovidie rencontre un spectre qui l'invite à partir sur les traces de Michel Jean, son oncle cinéaste et écrivain récemment décédé. Sur son chemin, elle va visiter une série de lieux et faire un tas de rencontres avec des fantômes, des êtres de fiction errants depuis la mort de leur créateur, et même de vrais êtres vivants. Ce qui permet à Jean Rollin de convoquer une dernière fois tous les membres de son panthéon personnel, ses acteurs fétiches (seul manque Brigitte Lahaie, ce qui reste quand même très problématique) et ses plus belles créations fictionnelles.
Jean Rollin, de son vrai nom "Jean Michel Rollin Le Gentil" parle donc de lui au passé. LA NUIT DES HORLOGES est un discours de Jean Rollin vivant sur le Jean Rollin mort. Un hommage qu'il se rend à lui-même, mais sans pour autant verser dans un narcissisme vain. Bien au contraire, Jean Rollin tente d'expliquer à travers ce film pourquoi un auteur n'est jamais que la somme de toutes ses fictions. Qu'il est à la fois le créateur et ses créations.
Au fond, c'est un vieux principe théologique que Jean Rollin ré-importe dans son propre univers diégétique. Ce genre de réflexions et ce type de mise en abime, qu'on retrouve volontier dans la littérature, se fait plutôt rare au cinéma. D'où cette impression tout au long du film d'être, non seulement dans un environnement esthétique singulier, mais également au cœur d'un discours-dispositif quasi inusité.
Au fond, c'est un vieux principe théologique que Jean Rollin ré-importe dans son propre univers diégétique. Ce genre de réflexions et ce type de mise en abime, qu'on retrouve volontier dans la littérature, se fait plutôt rare au cinéma. D'où cette impression tout au long du film d'être, non seulement dans un environnement esthétique singulier, mais également au cœur d'un discours-dispositif quasi inusité.
Le résultat est pour le moins déconcertant, impalpable et franchement intemporel. Tour à tour émouvant, insolite, philosophique, funeste, énigmatique, codifié, LA NUIT DES HORLOGES est un objet qui ne se laisse pas facilement saisir ("toutes les vraies énigmes sont insolubles" nous dit la veuve), même pour les fans les plus ardus du maestro. Autant dire que le newbie qui n'a jamais vu un seul film de Jean Rollin ferait mieux de retourner étudier la filmographie du bonhomme avant de s'attaquer à cette montagne Russe.
D'ailleurs, le film ne fait aucun effort pour les séduire, même si le point de vue sur le film est celui d'Ovidie, le seul personnage étranger à l'univers de Rollin, esprit vierge cherchant constamment quelque chose auquel se raccrocher dans ce grenier poussiéreux rempli de souvenirs et de spectres.
D'ailleurs, le film ne fait aucun effort pour les séduire, même si le point de vue sur le film est celui d'Ovidie, le seul personnage étranger à l'univers de Rollin, esprit vierge cherchant constamment quelque chose auquel se raccrocher dans ce grenier poussiéreux rempli de souvenirs et de spectres.
Paradoxalement, LA NUIT DES HORLOGES est un "pur Rollin" en même temps qu'il démontre une étonnante capacité à se renouveler. Jusque dans son approche de l'image numérique, souvent belle et soignée. Ce dernier "baroud d'honneur" semble l'avoir stimulé.
En effet, si le syle Rollin est toujours là (et bien là : cadres fixes, diction assez particulière des acteurs, montage image et son parfois approximatif), LA NUIT DES HORLOGES ne ressemble qu'à lui-même tant sa volonté d'être un "film somme", touchant et respectueux de son public lui donne un cachet quasiment inédit. Malgré ses défauts (certaines scènes vraiment too-much, vraiment mal fichues et franchement ridicules), le dernier Rollin est probablement le meilleur film de sa période "contemporaine". Maintenant, sans doutes faut-il le découvrir seul, loin des rires nerveux que son style déclenche systématiquement dans les salles obscures. Car pour peu qu'on aime le ton si solennel, si sérieux des films de Rollin, pour peu qu'on apprécie la poésie désuète de ses images et de ses mots, pour peu qu'on aime se laisser prendre au jeu, mieux vaut ne pas se mêler aux petits rigolos venus rire de ce cinéma d'un autre monde.
En effet, si le syle Rollin est toujours là (et bien là : cadres fixes, diction assez particulière des acteurs, montage image et son parfois approximatif), LA NUIT DES HORLOGES ne ressemble qu'à lui-même tant sa volonté d'être un "film somme", touchant et respectueux de son public lui donne un cachet quasiment inédit. Malgré ses défauts (certaines scènes vraiment too-much, vraiment mal fichues et franchement ridicules), le dernier Rollin est probablement le meilleur film de sa période "contemporaine". Maintenant, sans doutes faut-il le découvrir seul, loin des rires nerveux que son style déclenche systématiquement dans les salles obscures. Car pour peu qu'on aime le ton si solennel, si sérieux des films de Rollin, pour peu qu'on apprécie la poésie désuète de ses images et de ses mots, pour peu qu'on aime se laisser prendre au jeu, mieux vaut ne pas se mêler aux petits rigolos venus rire de ce cinéma d'un autre monde.
P.S : Oups, quel idiot, j'allais oublier : la fine équipe de Zone Bis diffusera LA NUIT DES HORLOGES le dimanche 30 mars dans le cadre de L'ETRANGE FESTIVAL LYON à 20h au Cinéma Comoedia. En présence de Jean Rollin, himself ! INFOS.
Ayant eu la chance de travailler sur ce film de jean Rollin, et de connaître personnelement ce dernier, je peux vous donner l'information suivante: le film n'a pas été tourné en numérique mais en argentique, super 16. La copie que vous avez vue était une copie beta très laide que j'ai vue en projection technicien. La copie 35 est en cours, tout comme la recherche d'un distributeur.
RépondreSupprimerMerci pour ces précisions, effectivement j'avais comme un doute... je serais donc ravi de redécouvrir le film en salle dans sa copie 35mm.
RépondreSupprimer