jeudi 6 mars 2008

APPETITE FOR FRIEDKIN

"Bref, j'ai passé 40 jours à couper six images par ci, quatre par là, ainsi qu'à masquer des séquences dans lesquelles apparaissaient des gays habillés en flic dans un bar SM, des pénis en érection, des anus dilatés et une scène de fist-fucking que j'ai filmé dans son intégralité. Il a fallu aussi que je coupe une scène où un mec se faisait pisser dessus dans une baignoire. Toujours est-il que j'ai fini par être saoûlé, même si j'avais la certitude d'avoir conservé l'essence du film, par ces va-et-vient incessants, par ces accords obtenus au compte-gouttes. En fait, ça m'a convaincu que du côté des responsables de la censure, j'avais affaire à des incapables. Aucun d'entre eux n'était véritablement en mesure de juger du degré d'efficacité de la suppression de deux ou trois images.
Du coup, avec Bud Smith, mon monteur, j'ai inséré, histoire d'en être sûr, un plan de pénétration anale tiré d'un porno gay. J'ai placé entre deux et quatre images de ce plan à chaque fois qu'un poignard se plante dans le dos d'une des victimes du tueur. C'était d'autant plus justifié que le fondement même de ces crimes reposait entièrement sur sa relation à la pénétration anale.
J'ai donc rajouté ces plans après avoir accepté d'en couper plein d'autres, et j'ai amené Stern dans la salle de projection de Todd-AO afin de lui projeter les scènes en question sans l'avertir de quoi que ce soit. Et je lui ai dit "Aaron, vois-tu quelque chose qui te choque désormais ?" Il m'a répondu "Non, rien". J'ai alors demandé au projectionniste de passer le film en sens inverse, car les images subliminales sont beaucoup plus apparentes dans ce sens-là. Et il ne s'est aperçu de rien non plus. Aaron a apporté cette copie à la Commission, et eux non plus ne se sont aperçus de rien. Aujourd'hui, ces plans sont toujours dans le film et personne ne s'en est jamais rendu compte. "
(Le Petit Livre de William Friedkin, de Gilles Boulenger, Ed. Le Cinéphage)






Ces derniers jours, découverte de CRUISING qui vient juste de sortir en DVD après des années de purge. Après une grosse claque et quelques nuits de cauchemars, je tente de revoir un maximum de films de la filmo de William Friedkin.
Cette boulimie est aussi motivée par la lecture du NOUVEL HOLLYWOOD de Peter Biskind, ouvrage de ragots tentant avec un certain sérieux (et un certain brio, il faut bien le dire) de nous conter la révolution cinématographique qui eu lieu durant les années 70 à Hollywood avec l'arrivée de cinéastes tels que Coppola, Scorcese, Spielberg, Lucas, Hopper, Penn, Altman, Friedkin, etc., balayant d'un coup le "cinéma à papa" et ses méthodes de productions dépasées. Leurs guerres d'égo, leurs projets démesurés, leurs succès, leurs échecs, la fin du "Vieil Hollywood", et l'arrivée des années 80 comme règne à venir du cinéma populaire comme synonyme de cinéma de pur divertissement.

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